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Le journal de Pok
23 mars 2016

A Place to Bury Strangers au Petit Bain le 21 mars

2016 03 21 APTBS Petit Bain (10)21h37 : le trio de A Place to Bury Strangers attaque (c'est le mot) après une rapide mise en place des instruments (bien ravagés, les instruments - et je vais vite comprendre pourquoi : les instruments sont régulièrement lancés en l’air pour se fracasser ensuite sur la scène) et des pédales d'effets bricolées maison (car notre ami Oliver Ackerman est un pro de la pédale d'effets - il vend même apparemment les résultats de ses expérimentations). Attaque sonique donc - même si le niveau sonore n'est pas encore paroxystique -, spectacle saisissant que cette tornade brutale qui déferle sur la scène du Petit Bain : APTBS débute son set comme la majeure partie des groupes le terminerait, dans une frénésie totale, un chaos terminal et convulsif : Oliver et Dion arcboutés sur leurs instruments, Robi défonçant ses fûts, c'est une entrée en matière qui décoiffe et qui montre qu'on n'est pas là pour jouer petits bras ! Un détail : tout cela se passe dans le noir quasi complet (à peine traversé par les faisceaux rasants de trois projecteurs de diapos),... et le restera pendant l'heure qui suivra : je peux dire adieu à mes habituelles photos, ce soir !

APTBS enchaîne alors brûlot sur brûlot, la plupart déferlant sur un rythme soutenu : très rapidement, j'ai plus l'impression de revivre un set des Stooges de l'époque "Fun House" que d'écouter du shoegaze ! Et ce d'autant que des nappes de lave brûlante s'échappent de la Fender Jaguar rouge démembrée de Oliver à un mètre de moi. La limite de l'exercice, néanmoins, et je m'en rends rapidement compte, c'est que cet extrémisme complet, qui fait réellement plaisir à voir, dépouille littéralement la musique de son pouvoir d'excitation : on peut headbanguer dans une certaine hébétude, on peut se régaler des poses de "bassiste hero" (l'école Peter Hook...) de Dion, on peut regarder avec curiosité les expérimentations de Oliver sur ses pédales d'effets, mais on aura quand même du mal à basculer dans l'hystérie. On remarque un morceau où Oliver et Dion échangent leurs instruments et leurs places sur scène. Au bout d'une demi-heure, les 3 musiciens descendent au milieu du public pour un intervalle bruitiste plutôt électronique que j'ai personnellement trouvé bien trop long, et faisant redescendre radicalement la tension du set.

2016 03 21 APTBS Petit Bain (45)On entre ensuite dans la dernière ligne droite, avec des chansons plus rapides, plus ramassées, qui permettent à un véritable mosh pit de se former au centre. La pression sur le premier rang augmente, il est temps de lutter pour son espace vital... mais tout cela reste largement bon enfant, malgré quelques individus qui délirent grave ! De nombreuses tentatives individuelles pour monter sur la scène sont repoussées impitoyablement par le service d'ordre, jusqu'à ce que Oliver fasse signe laisser monter tout le monde  (... enfin une dizaine de personnes). Bref, c'est un foutu boxon dans l'obscurité ! Oliver approche alors son ampli Marshall du bord de la scène, donc à moins d'un mètre de moi : je comprends alors pourquoi les voisins, habitués aux concerts de APRBS, sont tous équipés de protège-tympans... Jusque-là, le son n'était pas excessivement fort, mais maintenant nos tympans au premier rang sont en réel danger : il ne me reste plus qu'à terminer le set les doigts dans les oreilles, ce qui n'est pas la meilleure manière de profiter de la mise à mort finale... Le trio quitte rapidement la scène jonchée d'instruments, les lumières se rallument. Pas de rappel, bien évidemment : rock'n'roll jusqu'au bout.

Bon, le bilan est quand même plus mitigé que je l'espérais. Si APTBS est indiscutable en termes d'attitude, de détermination, de "bon esprit" dirais-je, la radicalité de leur set ne facilite pas l'immersion, sans parler de l'adhésion. Mis à part quelques brèves minutes "extrêmes", je me suis senti plus spectateur, un peu extérieur, que réellement participant à une grande orgie sonore rock'n'rollienne comme j'en ai eu régulièrement l'occasion. L'âge peut-être, mais je ne crois pas : autour de moi, j’ai vu très peu de gens vibrant avec la musique, mis à part l'habituelle poignée d'excités qui paraissent de toute façon être là pour s'amuser à tout prix... Faiblesse des morceaux ? Possible... S'agissait-il de toute manière de l'une de ces soirées « sans », où le concert ne décolle pas comme prévu ? Encore une fois, c’est possible. En tous cas, si la démarche de APTBS est en tout point admirable, il y a eu peu de plaisir ce soir au Petit Bain !

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