"Rush" de Ron Howard : mieux vaut tard que jamais...
Mieux vaut tard que jamais, c'est l'une des (nombreuses) leçons que la parfaite réussite de ce "Rush" inattendu (biopic, film de sport, tous les trucs qui me révulsent normalement...) nous donne : ce Ron Howard, ridicule optimiste (frôlant régulièrement la niaiserie), qui n'a jamais fait un seul film digne de ce nom au cours de sa très longue carrière, voilà donc qu'il réussit ici un (presque) chef d'oeuvre, un film à la profondeur surprenante et à l'enthousiasme et l'énergie communicatifs... J'écris "presque", mais honnêtement, il y aura eu peu de films en cette année 2013 qui nous auront ainsi offert notre dose d'adrénaline tout en faisant marcher à la fois notre coeur et notre tête... Scénario parfait, à partir de la - fausse - opposition systématique entre deux coureurs d'exception, nous conduit peu à peu à nous engager émotionnellement auprès des deux, pour comprendre de manière formidablement viscérale le feu qui les brûle : ayant l'âge d'avoir vécu le terrible accident et la terrible résurrection de Niki Lauda, la recréation parfaite de ces moments essentiels de l'histoire de la F1 m'ont tiré des larmes de bonheur et de nostalgie à la fois... d'autant que c'est ce moment-clé qui voit le film basculer, au delà des jeux réjouissants mais un peu simplistes de sa première partie, et gagner une profondeur quasi métaphysique tout-à-fait exaltante. Réalisation et direction d'acteurs parfaites, évitant le piège de la reconstitution historique tout en nous faisant vivre de manière époustouflante (étouffante) le stress des courses, et la menace omni-présente de la mort. "Rush" est un film tout simplement magnifique, ne serait-ce que parce qu'il fait naître en nous des sensations merveilleuses, comme lors de la scène lumineuse de la séduction par Niki Lauda de sa future épouse au volant d'une petite Alfa Roméo en pleine Italie profonde...