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Le journal de Pok
2 janvier 2024

"Le jour du kidnapping" de Park Yoo-Young : les limites du genre...

Le jour du kidnapping affiche

Lorsqu’on essaie de se repérer dans la jungle impénétrable des séries coréennes (les K-dramas) de plus en plus généreusement mis à notre disposition par les plateformes de streaming, il est difficile de se fier aux critiques – généralement très peu sérieuses – disponibles sur le Net (la critique un tant soit peu « professionnelle », sans doute trop « boomer » ou « Gen X » pour ça, évite de se pencher sur le sujet), et on en revient souvent à faire confiance à une note moyenne de spectateurs sur l’ImDB, ce qui fonctionne le plus souvent. Malheureusement, dans le cas de The Day of the Kidnapping (le jour du kidnapping pour les Français), il semble que la bienveillance exprimée vis à vis de cette série policière soit bien exagérée. A se demander si les téléspectateurs ont été bien au-delà d’un premier épisode il est vrai extrêmement excitant…

Car le jour du kidnapping débute très bien : on y voit Myeong-joon, le père – pas très finaud – d’une petite fille hospitalisée dont il ne peut assurer financièrement le traitement, kidnapper, sur le conseil de son ex-femme, la fille d’un chirurgien / chercheur célèbre et richissime. L’idée est évidemment d’obtenir une rançon pour l’enfant, mais Myeong-joon découvre, horrifié, que, le jour même, les parents de son otage ont été tous deux sauvagement assassinés : le voici donc poursuivi par la police pour deux meurtres et un kidnapping. Pour compliquer le tout, il va très vite s’attacher à Ro-hee, la petite fille, visiblement surdouée, en dépit du caractère revêche de celle-ci !

On est donc devant ce qui est à la fois un thriller – le kidnappeur, poursuivi par la police, dirigée par un inspecteur brillant mais indiscipliné, qui va rapidement soupçonner que rien n’est aussi simple qu’il le paraît, doit comprendre ce qui s’est réellement passé ce jour-là pour prouver son innocence – et une histoire mélodramatique d’attachement d’un père pour sa fille gravement malade qui se transposera sur une autre enfant du même âge, dont il se sent responsable. Avec, comme c’est souvent le cas avec les K-dramas, une composante de comédie – très, très lourdaude – puisque l’incompétence crasse du kidnappeur naïf contraste avec l’intelligence brillante de la petite fille dont il est sensé s’occuper !

Pourquoi pas ? On a vu bien pire, surtout que le versant « polar » de la série se ramifie et se complexifie à loisirs quand on découvre le père de Ro-hee dissimule un lourd secret attirant les convoitises d’une organisation criminelle internationale. Au-delà de son point de départ stimulant, le jour du kidnapping bénéficie d’une poignée de « méchants » remarquablement patibulaires, effrayants ou haïssables, dont chaque apparition à l’écran constitue un véritable régal.

Mais au fur et à mesure qu’on avance le long de ces interminables douze épisodes d’une heure (qui en paraissent le double !), et en dépit de quelques scènes joliment émouvantes, les problèmes d’accumulent. Le jeu grotesque de Yoon Kye-Sang en ahuri total (alors qu’il était un garçonnet quasiment surdoué lui aussi, comme on le voit dans l’un des nombreux flashbacks explicatifs qui parsèment l’histoire) est à hurler de rage, jusqu’à ce que l’on se rende compte que ce sont en fait tous les personnages qu’on nous montre, durant les douze heures de la série, figés dans une seule posture, une seul comportement, contribuant à notre irritation croissante. Pour le côté « policier » de l’intrigue, ce n’est guère plus brillant, les péripéties interminables se succèdent et s’accumulent en dépit de toute vraisemblance, épuisant notre bonne volonté, et les quelques « twists » relançant l’action se délitent à mi parcours, débouchant sur une seconde partie d’un ennui abyssal.

Tous les défauts du K-drama standard, voire de bas étage sont là : humour lourd, interprétations caricaturales, intrigue invraisemblable et durée excessive. Et pourtant, la note sur ImDB reste très haute. C’est à n’y rien comprendre.

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