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Le journal de Pok
9 août 2023

Séance de rattrapage - "Babylone" de Damien Chazelle : passé et avenir (?) du cinéma...

Babylon affiche

Sans doute a-t-on trop vendu Babylon, le dernier Damien Chazelle, sur la base de sa première partie, celle qui raconte, dans un tourbillon d’énergie galvanisante, puis épuisante, la folie des débuts du cinéma, à l’époque du muet. Une époque où tout était possible, et où Hollywood se construisait dans la déraison, les excès et le scandale... Cette partie du film est formidable, et l’abattage de Margot Robbie et de Brad Pitt fait des merveilles.

Bien entendu, ce genre de scènes ne saurait durer trop longtemps, et avec l’arrivée du cinéma parlant, la remise en question du modèle hollywoodien – nouvelles technicités qui redéfinissent la manière de tourner, obsolescence des acteurs qui ne vivaient que par leur image – permet à Chazelle de changer le rythme de son film, de le faire basculer peu à peu dans le drame… même si la très longue scène de la première tentative de réaliser un film parlant est un beau moment de comédie.

Babylon se met alors à empiler les sujets, sans doute au-delà de ce qu’un seul film, même de près de trois heures, est capable de traiter : la difficile intégration des afro-américains, mais aussi de la culture latino, l’ambigüité de la relation entre cinéma et théâtre, la collusion avec la mafia puisqu’il s’agit de brasser des sommes de plus en colossale… Tout s’entremêle dans une succession peu harmonieuse de scènes au rythme inégal, au climat différent, qui finit par venir à bout de la patience du spectateur. Il est par exemple évident que la longue scène horrifique de la descente dans le monde des enfers qui conduit à la perte de Manny (Diego Calva, la faiblesse du film en termes d'interprétation) et de Nellie, n’a pas grand-chose à faire ici, aussi réussie soit-elle visuellement.

Quand on en arrive, épuisé, à la conclusion, qui prend la forme d’un hommage finalement assez scolaire à la magie du cinéma, dont Chazelle a d’ailleurs clairement du mal à imaginer le futur (après Matrix et Avatar, seulement des taches de couleur abstraites sur la pellicule ?), il est clair qu'il a raté son « grand film ».

Mais, en l’état, Babylon nous offre quand même un lot exceptionnel de scènes époustouflantes, de mise en scène exemplaire, et de grands moments d’interprétation. Ce n’est pas si mal, et ça permet de vérifier que Chazelle, pour peu qu’il contrôle un peu mieux ses ambitions, est un bel auteur.

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