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Le journal de Pok
11 mars 2019

"Le Chant du Loup" d'Antonin Baudry : Blue Submarine

Le chant du loup affiche

J'aime le son. En musique bien sûr, mais tout autant au cinéma... où il est bien souvent négligé - non pas par défaut de technologie disponible, mais plutôt par manque d'intérêt des scénaristes et des réalisateurs -, ignoré derrière l'usage abusif, trop facile de la musique. Il y a peu de films qui placent le son au coeur de leur sujet : on pourra citer le génial "Blow Out" de DePalma, ou plus récemment "Sans un Bruit", deux films populaires utilisant le son comme moteur de la fiction. Et bien sûr, "Das Boot", dans la directe ligne duquel Antonin Baudry inscrit son "Chant du Loup"... car le son, comment on le contrôle pour ne pas être repéré par l'ennemi, et comment on l'interprète pour comprendre "à l'aveugle" la situation dans laquelle on se trouve, constitue en temps de guerre la différence entre la vie et la mort pour les sous-mariniers.

En faisant du responsable de l'analyse sonore - solidement campé par François Civil - le personnage-clé de son film, Baudry a donc eu une intuition magistrale, qui éloigne son film des thèmes habituels du genre : claustrophobie, exiguïté, tensions entre membres de l'équipage, terreur devant la mort inéluctable si le sous-marin est touché par une torpille, tout est bien là, mais comme au second plan.

L'autre grande intelligence du sujet du "Chant du Loup", c'est d'avoir pris acte du grand retour en 2019 de la Guerre Froide et de la menace nucléaire, et de nous proposer une rencontre fructueuse entre "le Bureau des Légendes" et "Docteur Folamour" (sans le génie ni la radicalité de ce dernier, entendons-nous bien...). Cet excellent scénario porte ainsi à l'incandescence - malgré quelques petites invraisemblances simplificatrices qui sont la marque d'un cinéma populaire "à l'américaine" - un film qui ne nous laissera quasiment pas souffler pendant deux belles heures du suspense.

Devant le triomphe, inhabituel en nos contrées, d'une telle formule, il est plus que recommandé de ne pas trop faire de cas d'une légère faiblesse dans la direction d'acteurs (à part Civil, tout le monde semble un peu mal à l'aise dans des rôles éloignés de leurs registres habituels). Et d'admettre que nous avons affaire à une formidable et improbable réussite.

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