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Le journal de Pok
5 janvier 2019

Promenade sur les traces d'un géant, Neil Young : Roxy - Tonight's The Night Live (1973)

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On est en 1973 : les reporters de Rock & Folk et Best viennent d'assister à un concert donné au Roxy de Los Angeles par Neil Young et son groupe du moment - la section rythmique de Crazy Horse augmentée du virtuose Nils Lofgren à la guitare et au piano, et de l'ami Ben Keith. Ils nous racontent avec un mémorable mélange d'horreur et d'excitation la scène : Neil refuse de jouer des morceaux connus, assène au public médusé l'intégralité de l'album qu'il est en train d'enregistrer. Et en rappel, pire encore, il rejoue à nouveau la chanson avec laquelle il a ouvert le set, une certaine "Tonight's the Night" qu'il a écrite en l'honneur de son ami Danny Whitten, guitariste du Crazy Horse décédé d'overdose, et d'un roadie, Bruce Berry, lui aussi victime de ce fléau qui fauche tant de jeunes gens qui ont cru au rêve hippie et se sont perdus. Les journalistes décrivent un Neil Young agressif, perdu et désespéré : bref, c'est l'horreur déchirante de "Time Fades Away" en pire encore... Et puis plus rien. L'album maudit, "Tonight's the Night" ne sortira pas (ou du moins pas tout de suite) et tout le monde passe à autre chose.

La publication en 2018 d'une compilation des concerts donnés à l'époque au Roxy de Los Angeles est donc une formidable nouvelle pour tous, fans ou moins fans, la réapparition d'enregistrements essentiels de la carrière de Neil, et sans doute le second bijou live après le "Live at Massey Hall" publié au sein du projet "Archives". Et cet album s'avère, mieux encore, une formidable surprise...

... Car ce qu'on entend là, c'est certes un homme et son groupe faisant leur deuil, comme sur les enregistrements studio, mais avec une énergie cathartique qui tourne très vite, une fois passée l'introduction radicale et déchirante de "Tonight's the Night", à la fête électrique. Un peu comme tous les invités après un enterrement, vaguement bourrés, qui commencent à raconter des vannes et à franchement se marrer. C'est évidemment la magie du live, d'une intimité chaleureuse avec un public débonnaire et cool (... les années 70 en Californie, c'est très, très loin du monde dans le quel nous vivons aujourd'hui !). C'est la magie du rock'n'roll. Et du blues aussi, car ces chansons tutoient pour la première fois dans la carrière du Loner la musique essentielle du siècle, et y gagnent une profondeur fiévreuse inédite.

Et c'est simple, les neuf chansons extraites du futur album, jouées dans un ordre différent de celui que l'on connaîtra plus tard, et surtout toutes dans des versions électriques puissantes, souvent sur un tempo plus rapide me semble-t-il, sont fantastiques ! "Mellow my Mind", "Word on a String" ou encore "Albuquerque" et "Roll Another Number" sont ici bien meilleures que leurs versions studios, car elles sont enchantées par la guitare merveilleuse de Nils Lofgren, portées par la voix impérieuse d'un Neil certes dans l'excès, mais aussi clairement dans la célébration de la Vie.

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