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Le journal de Pok
30 août 2017

Jain à Rock en Seine le samedi 26 août

2017 08 26 Jain RES J2 (10)Je me suis assis pour reposer un peu mes vieilles jambes (encore que je me demande si la position assise n'est pas pire pour moi !), et quand je me relève dix minutes avant le set de Jain, j'ai un choc : la grande scène est quasi intégralement vide, si ce n'est un petit pupitre noir et blanc en plein centre. La Toulousaine ne semble pas avoir peur de se frotter seule aux milliers de spectateurs d'un festival comme Rock en Seine ! Un point pour elle !

18h20 : en effet, Jain est là, seule... oui mais pas pour longtemps ! Le temps d'une petite chanson (relativement) minimaliste, le temps d’un petit discours émouvant de débutante, le temps d'évoquer en nous le souvenir tendre des débuts de Lily Allen, le temps de nous faire croire à un spectacle "pur et dur", le temps de nous faire rêver... et puis les musiciens rentrent sur scène à leur tour, et puis les beats déferlent : tout cela n'était que du bluff, et on aura droit en fait à un très, très vilain show de variétés pour les neuneus (ça me rappelle furieusement Sheila chez Drucker, les plus jeunes ici ne peuvent comprendre…), où chaque chanson est l'occasion – jamais perdue - de faire lever les bras à la foule, de faire sauter les gens en l'air (« Jump ! Jump ! »). Une chose que Jain n’a visiblement pas compris, c’est que pour faire la fête, il faut d’abord que la musique mette les gens d’humeur à faire la fête. Que lever les bras, et sauter en l’air ne se décrète pas. Pire, ne se demande pas ! Non, le pire, ce n’est pas ça, c'est que tout le monde paraît ravi, que tout le monde lève bien gentiment les bras, que tout le monde obéit à la gentille animatrice façon Club Med, que tout le monde s’assied et saute en l’air. Oui, je suis à un concert pour les lemmings. Pas de musique : juste des bandes sur lesquels les musiciens font les clowns. Chaque chanson de l'album perd toute son originalité, sa délicatesse, pour devenir une interminable célébration électro de la bêtise humaine. L'irrésistible Come commence bien avec son riff à la guitare sèche, mais est lui aussi transformé en un immonde prétexte de faire le cirque. La voix de Jain n'est pas si mauvaise, mais elle est la plupart du temps couverte par les beats disproportionnés qui sont sensés donner du plaisir aux foules abruties par les basses. Une nouvelle chanson, Paris, présentée comme un hommage aux victimes des terroristes, semble amener un peu d'émotion bienvenue, jusqu'à ce qu'affiche sur les écrans les noms des victimes : là, excusez-moi mes amis, mais c’est un peu trop, non ? On en arrive enfin à Makeba, elle aussi massacrée par une intro en forme de manipulation des foules (ouh, oui !) et par une outro en singalong sans fin. Le final est l'occasion pour Jain de partir faire du crowd surfing protégée à l’intérieur d’une bulle géante qui l’isole du contact des mains du public : soit une image parfaitement adéquate de la société du spectacle de 2017 et du set de Jain. Le slamming inventé par Peter Gabriel en forme de sacrifice symbolique de l’artiste à la ferveur de ses fans, puis popularisé par les punks comme expression d’un geste destroy, est devenu une sorte de jeu à la Disneyland d’où tout risque est désormais exclu. Safe sex ! Et Jain de faire interminablement applaudir ses équipes, vu que c'est le dernier concert de la tournée. Et ça n'en finit pas. Je me sens au bord de la nausée. Voir ça à Rock en Seine, ça fait quand même mal au c... !  Une heure littéralement horrible, dont j'ai l'impression de sortir sali.

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