Queens Of The Stone Age à l'Accor Arena (Paris) le 7 novembre
21h15 : Queens Of The Stone Age ont a priori promis de jouer 2 heures ce soir, ce qui peut laisser espérer que A Song for the Dead ne sera pas rayé de la setlist comme il l'a été quasi systématiquement lors des concerts précédents. Nous verrons bien...
Le concert commence fort - et dans une quasi-obscurité, tant pis pour les photographes - avec l'enchaînement de Regular Joe et No One Knows, qui fait exploser de joie la fosse, mais aussi les gradins où le public se lève déjà. Même si la voix de Josh n'est pas encore bien posée dans le mix, c'est un début qui impressionne.
Mais, à partir de là, comme c'est la règle des concerts de la tournée, on part en exploration dans les titres les plus récents (et même pas toujours les plus marquants) des deux derniers albums. On aimerait forcément un peu plus de ces classiques magnifiques qui ont fait la gloire du groupe, mais on ne critiquera pas Josh Homme et ses troupes parce qu’ils conjuguent plutôt QOTSA au présent. Et puis, même si le groupe a passé sa phase la plus brutalement radicale sur scène - celle de Era Vulgaris – il reste stupéfiant, techniquement : Troy Van Leeuwen, qui est l’élégance incarnée (son blazer, sa mèche de cheveux blancs, son jeu de guitare) fait des miracles en contrepoint de Homme, et la section rythmique de Jon Theodore, un batteur qui, par instants, surpasse même Dave Grohl, et de Michael Schuman, bassiste superlatif dont on déplorait initialement le style « heavy metal » et qui s’est désormais coupé les cheveux, est synonyme de tuerie absolue. Et puis Josh, même si on regrettera la disparition de sa « barbe Van Dyke » qui lui allait si bien, reste l’incarnation parfaite du charisme. Regrettons quand même les interventions toujours plus lénifiantes de Josh, entre les chansons, qui nous répète qu’il « ADORE PARIS », dans le plus pur style d’un entertainer ringard de cabaret cheap à Las Vegas : tais-toi, Josh, on te préfère quand tu chantes et que tu ne parles pas !
En fait, QOTSA jouent tellement bien qu'on se moquerait presque de ce qu'ils jouent, tant tout est magistral… Bon, on souligne le « presque », car quand on en revient après une bonne demi-heure moins excitante qui a vu les gradins se rasseoir (en dépit du formidable Battery Acid, quand même) aux meilleurs titres (The Way You Used to Do, The Lost Art of Keeping a Secret), le public est comme électrocuté, et la machine est relancée, très fort. Making it with Chu, on le sait, vit sa meilleure vie en ce moment, et la version qui nous sera offerte ce soir – avec la citation amusante du Miss You des Stones - sera parfaite. Le classique Little Sister clôt le set après une heure quarante, et on attend maintenant ce que le rappel nous réserve…
Un rappel qui ne commence pas très bien, puisque QOTSA nous offrent la primeur d’un Obscenery jamais encore joué sur scène (bof !), avant de rendre hommage au regretté Mark Lanegan à travers un rare God Is in the Radio… malheureusement alourdi par (horreur !) un solo de batterie peu inspiré. S’ensuit une assez mauvaise version, toute raplapla, de Go With the Flow, et on s’apprête à regretter cette conclusion faiblarde d’un concert qui valait mieux que ça quand… Wham Bam… Josh lance l’intro de A Song for the Dead, triomphe du style QOTSA, avec cette menace obsédante qui broie lentement les crânes, cisaillée par des breaks absurdes, puis débouchant sur une double accélération qui annihilera littéralement toute résistance : toute la fosse de l’Accor Arena sombre dans la frénésie, et c’est là exactement ce que nous attendions de ce soir, quelques minutes de brutalité absolue et radicale.