"The Golden Hour" de Simon de Waal : peur sur la ville…
Une vague d’attentats terroristes balaie Amsterdam : un camion fou traverse la foule d’un marché, les invités d’un mariage sont mitraillés, un commando prend d’assaut un centre commercial, tirant sur tout ce qui bouge. Mardik, un policier d’origine afghane, est soupçonné depuis un moment par sa hiérarchie de jouer un double jeu, et va se trouver directement impliqué dans ces actions meurtrières, conduites par un grand ami d’enfance…
The Golden Hour, série Netflix néerlandaise qui adopte a priori le format (malheureusement) classique d’une course contre la montre de policiers qui doivent démonter une cellule terroriste avant qu’elle ne frappe à nouveau, a rencontré un succès inattendu en France. On peut imaginer que c’est la similitude – très certainement volontaire de la part des scénaristes – entre ce qui est montré à l’écran et la réalité des attentats conduits en France en 2015 /2016 (le camion meurtrier à Nice, l’attaque du Bataclan à Paris) qui a créé une implication émotionnelle du public français vis à vis de la série. Et, de fait, le meilleur – et de loin ! – de The Golden Hour, ce sont ces longs moments d’angoisse du public captif dans le centre commercial dans lequel patrouillent les tueurs, prêts à décharger leurs armes automatiques sur tout ce qui bouge, ou la lente découverte de l’horreur du carnage dans le sillage du camion qui a traversé tout le marché. Dans ces moments-là, même s’ils souffrent d’une exagération de l’attente de l’intervention de la police néerlandaise, il y a dans The Golden Hour un réalisme, ou mieux, une véracité de la retranscription de l’épreuve vécue par les victimes réellement marquante. Dans ces moments-là, The Golden Hour a tout d’une grande série, dépeignant l’héroïsme de certains, la lâcheté d’autres, tout ce panel de comportements humains affrontant l’impensable violence, l’indicible haine de l’Occident véhiculée par les terroristes.
Le problème de The Golden Hour est… tout le reste : un scénario globalement improbable, car basé sur la fuite – absurde, stupide – du flic parti seul à la recherche des terroristes, et qui devient la cible de la police néerlandaise au lieu de mettre à la disposition des enquêteurs ses connaissances du milieu afghan immigré. Rien de tout cela ne fait aucun sens, et l’histoire dérape encore avec l’intervention d’un commando policier « secret », raciste, immoral et violent, menant sa propre enquête parallèle. On nage en plein délire, et on a bien envie de lâcher l’affaire tant The Golden Hour se met à raconter littéralement n’importe quoi.
Si l’on apprécie la vision modérée de la série, qui évite le noir et blanc manichéen et rassurant, et cultive une saine ambigüité (on comprend les motivations des terroristes, aussi abjects soient-ils, on est témoin des dérives racistes croissantes au sein des forces de l’ordre et de la population d’Amsterdam), on ne peut s’empêcher de regretter qu’à la force des scènes relatives aux attaques terroristes s’oppose la faiblesse de toute la partie policière / thriller de la série. Qui se termine par un dernier épisode particulièrement navrant, avec un déminage de bombe ne reculant devant aucun cliché, et une conclusion conspirationniste qui ne sert qu’à annoncer une seconde saison à venir.