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Le journal de Pok
10 janvier 2024

Poussières d'étoile : "Low" (1977) de David Bowie

Low cover

J'ai découvert Low à sa sortie dans des conditions très particulières, aberrantes sans doute, mais finalement, d'une manière assez amusante, pertinentes par rapport au projet conceptuel qu'est cet album "différent" de MM. Bowie et Eno (sans oublier Iggy Pop, qui était dans le coup...). Je l'ai écouté plusieurs fois sur l'électrophone (un Teppaz assez bas de gamme, pour ceux qui savent ce que ça signifie) de ma petite amie de l'époque, sans me rendre compte que la vitesse de rotation était défectueuse, et se situait quelque part entre 33 et 45 tpm. A la bizarrerie voulue de l'album - la première face particulièrement, paradoxalement plus aventureuse que la fameuse seconde face "instrumentale" - est venue s'ajouter l'accélération du chant de Bowie, qui montait donc en fréquence. Le résultat était absurde, incompréhensible, mais je me plais aujourd'hui à me le remémorer comme une sorte d'écho des "stratégies obliques" d'Eno utilisées lors de l'enregistrement.

On sait que Low fut, logiquement, mal reçu par la maison de disque de Bowie, mais qu'il se vendit bien, avant de devenir un album fondateur de tout un courant musical, et d'être aujourd'hui considéré comme un véritable chef d'œuvre. On le qualifie de "premier volet de la trilogie berlinoise" de Bowie, même s'il fut largement créé et enregistré en France, au Château d'Hérouville, avant d'être terminé au Studio "Hansa By The Wall" à Berlin. Il est inutile de revenir sur les faits qui sont connus autour de sa création, sa parenté avec son jumeau toxique, The Idiot d'Iggy Pop, et sa descendance avec Heroes, qui connaîtra un bien plus grand succès, même s'il lui est notablement inférieur.

Low contient un morceau qui est un chef d'œuvre absolu, Warsawa, bande originale parfaite d'un film qui n'existe que dans nos cerveaux, et c'est très bien comme ça. Suivi quand même par une autre pièce bouleversante, Subterraneans, avec son final au saxo terrassant. Et les deux autres titres de la seconde face, pour être moins mémorables, restent conceptuellement des réussites totales, à la fois abstraits et organiques.

C'est finalement la première face qui résiste le plus à l'analyse, à la compréhension : entre deux instrumentaux troublants, voilà une succession de drôles d'objets qui ressemblent presque à des chansons, certaines avec des mélodies impeccables (Sound and VisionWhat In The World), mais des chansons qui auraient été écrites et jouées par quelques extraterrestres qui ne maîtrisent pas complètement ce concept : finalement, la référence de la pochette à The Man Who Fell To Earth est parfaitement pertinente par rapport à cette première face qui reste, même après des décennies d'écoutes répétées, l'une des expériences à la fois les plus satisfaisantes et les plus étranges qui soient.

Allons, devant cet album qui non seulement ne se démode pas, mais semble encore se bonifier avec le temps, on est prêt à parier que, avec quelques décennies de plus, il sera considéré comme "le meilleur disque de Bowie". On en prend le pari ?

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