"Sharko" de Franck Thilliez : cinquante pour sang...
A la différence du dernier Thilliez que j'ai lu, Syndrome [E], qui n'était vraiment pas défendable, Sharko commence bien, sur le principe original et donc intéressant de faire des deux héros les criminels, et de les voir forcés à truquer l'enquête à laquelle ils participent - sur leur propre meurtre - pour ne pas être découverts. Qui plus est, l'enquête elle-même, celle sur leur victime, est assez bien construite, et assez passionnante... ce jusqu'à la moitié du bouquin, tout au moins...
... Car, à mi-course, Thilliez s'embarque dans ce qui semble être devenu sa marque de fabrique, le thriller (pseudo) scientifique, et nous offre ses désormais habituels tunnels de grandes explications théoriques, empilant sans vergogne des faits relativement établis avec des extrapolations parfois dignes de nos chers amis conspirationnistes. Le suspense s'effrite, on passe son temps à aller vérifier sur le net le sérieux des élucubrations de Thilliez (pour évidemment réaliser qu'il est régulièrement dans un parfait délire), et tout cela se conclut dans un enchaînement de scènes convenues (l'inévitable affrontement, au bord d'une falaise cette fois, avec le "grand méchant") et même - quelle honte ! - par un happy end assez pitoyable, et bien entendu pas logique pour un sou.
Si l'on a envie de chercher des noises à l'auteur - une envie grandissante chez nous - on pointera le manque de consistance du personnage de Lucie, qui souligne une fois de plus combien Thilliez a du mal à représenter un personnage féminin, et combien il préfère les stéréotypes de types machos, torturés mais "hard boiled".
On essaiera quand même, en refermant avec beaucoup de frustration, ce Sharko qui pourrait bien être le dernier qu'on lira de l'auteur, que la première partie a fonctionné pour nous.