Il arrive régulièrement qu'on ait le sentiment d'une certaine banalité à la lecture d'un polar de Jørn Lier Horst : la description minutieuse du travail d'enquête, le cadre très ordinaire des petites villes provinciales de Norvège, le refus de l'auteur de sacrifier à la surenchère d'horreur caractéristique des polars contemporains, le quasi anonymat de l'inspecteur Wisting, son héros, sur lequel personne ne se retournerait dans la rue... tout cela manque de points saillants, de singularité, voire d'excitation.

Et pourtant, en dépit (ou peut être à cause, en fait...) de la neutralité apparente du style "littéraire", la plupart des polars de Horst fonctionnent, et souvent bien mieux que ceux d'auteurs plus spectaculaires. Le Disparu de Larvik est néanmoins l'un de ses meilleurs livres, une lecture addictive et satisfaisante au possible, un polar scandinave parfait, que l'on referme en se disant que cela fait longtemps qu'on en n'a pas lu un aussi bon. Parce que l'intrigue est prodigieusement complexe sans jamais en devenir incompréhensible (ni nécessiter de longues explications, le lecteur comprenant les tenants et aboutissants de chaque découverte des enquêteurs, sans qu'il soit jamais besoin de les expliciter, de les souligner...). Parce que les protagonistes - les bons comme les "méchants" - sont simplement et merveilleusement humains. Parce que, ici, le crescendo de tension est irrésistible. Parce que la construction de l'enquête de Wisting, à partir de la disparition non élucidée d'un chauffeur de taxi et de la découverte dans le coffre-fort d'un homme mort d'un revolver renvoyant à affaire très médiatisée à des centaines de kilomètre de là, enquête qui va faire se croiser et se rencontrer une multitude de faits que rien ne semblait relier a priori, est absolument magistrale... Parce que Jørn Lier Horst est décidément un grand maître du genre.

Et parce que le Disparu de Larvik fait partie de ce qu'il a écrit de meilleur.