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Le journal de Pok
17 août 2023

"Platonic" de Nicolas Stoller et Francesca Delbanco : quand Will rencontre Silvia…

Platonic affiche

Une histoire d’amitié entre un homme et une femme qui dure depuis des années et pourrait se transformer en histoire d’amour ? La référence à When Harry Met Sally est évidente, inévitable même, et assumée par Platonic, jusque dans le titre du dixième et dernier épisode, intitulé When Will Met Silvia, et le téléspectateur est automatiquement placé devant une sorte de faux suspense : quand donc les deux amis réaliseront-ils qu’ils s’aiment, et d’amour ? Ce qui amène une autre question : est-il « honnête » pour des scénaristes de fictionner à partir du principe que le téléspectateur regarde la série en la ramenant à un film, incontournable sur le même sujet ?

Evidemment, et heureusement, Nicholas Stoller (qui n’a par ailleurs jamais produit, écrit ou réalisé rien de notable dans sa longue carrière) et Francesca Delbanco ont non seulement actualisé les situations – c’est le moins qu’on pouvait attendre -, mais ont modifié / complexifié la situation : si Silvia, ex-avocate devenue mère de famille aisée, s’ennuie dans son mariage parfait avec un mari parfait, et si ses escapades avec Will, le copain hipster et pas très sérieux de ses jeunes années, lui permettent de redevenir épisodiquement elle-même, on voit difficilement comment les deux personnages, en dépit de la tendresse et de la familiarité qu’ils ont l’un pour l’autre pourraient combler le fossé, gigantesque, qui les sépare ?

Platonic démarre d’ailleurs mal, avec un premier épisode qui sonne faux et souffre du manque d’alchimie évident entre Rose Byrne et Seth Rogen, et ce d’autant que la comparaison – logique – avec l’excellente série australienne Colin from Accounts, vue il y a peu, ne lui est pas favorable : on relève pas mal de points communs entre les deux séries, outre le genre « rom com farfelue », comme par exemple le fait que le personnage mâle est propriétaire d’une micro-brasserie branchée, ou que se pose à un moment la question de la différence d’âge entre partenaires, mais Platonic n’aura pas l’élégance et la légèreté de sa cousine australienne dans le traitement de son sujet.

On peut, sans trop de mauvaise foi, pointer dans Platonic un soupçon de cet esprit bien réactionnaire qui caractérise nos boomers dépassés par leur époque : les personnages ne manquent pas une occasion de laisser transparaître leur irritation vis à vis de la société actuelle (la symbolique des trottinettes renversées, le traitement peu aimable réservé au personnage de Peyton), ce qui ne rend pas la série follement sympathique. Plus ennuyeux, en jouant systématiquement la carte de la tiédeur mélancolique, Platonic manque d’énergie, d’imagination, d’originalité, et finit par dispenser un sentiment de banalité. En dépit du charme et de l’abattage d’une Rose Byrne qui tire son épingle du jeu quasiment à tous les coups, Platonic ose trop rarement aller assez loin pour pouvoir nous surprendre, ou même nous amuser. En fait, l’un des plus gros problèmes de la série s’appelle Seth Rogen, pourtant co-producteur qui projet, qui semble se contenter de répéter paresseusement ici ses « trucs » habituels, qui plus est sans grande conviction : il n’est jamais vraiment drôle, se contentant surtout d’être irritant. Et c’est quand le scénario s’autorise un peu de folie, qu’il va franchement vers le burlesque, comme dans le très bon épisode du retour au travail de Sylvia, qu’un peu de lumière jaillit – enfin – de Platonic.

Ces éclairs de drôlerie sont malheureusement trop rares pour que l’on puisse considérer cette nième déclinaison d’un thème désormais bien trop convenu (trop usé ?) comme une réussite.

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