"Cash" de Jérémie Rozan : pour Raphaël...
Soyons honnête, la principale raison pour laquelle on avait envie de voir Cash, petite production Netflix France, s'appelle Raphaël Quesnard, le jeune acteur français qui crève l'écran en ce moment, et qui vient de propulser Yannick dans le Top des meilleurs films de Dupieux. Et pour le coup, on n'est pas déçu avec sa performance, même dans un registre opposé à celui de Yannick : on retrouve cette diction étonnante, à la fois naturelle - on entend la voix d'un jeune français de 2023, que l'on ne trouve chez aucun autre acteur actuel - et très posée ; mais on lui un découvre une sorte de charme très "rock'n'roll", de jeune premier rebelle, mais qui ne se prend pas non plus au sérieux. On se demande même si l'on a vu apparaître un tel OVNI dans le ciel du cinéma français depuis la découverte conjointe de Depardieu et Dewaere dans les Valseuses... c'est dire le choc !
Après que le film ne soit pas aussi réussi qu'on l'aurait aimé n'a pas grande importance : au moins, il ne s'agit pas là d'un polar bas du front et irrespectueux comme 90% de ce que l'on peut voir sur les plateformes et les écrans de cinéma ! Au contraire, Cash se révèle être une surprenante critique sociale, qui ne ménage ni la bourgeoisie française arrogante, ni les cadres macroniens incompétents ou cyniques, ni même le prolétariat qui ne rêve que de luxe bling-bling et de consommation effrénée. ... Et rien que pour ça, on est prêt à pardonner à Jérémie Rozan de ne pas nous faire beaucoup rire, et de nous raconter une arnaque qui ne tient pas bien la route. Le scénario, sans doute inutilement compliqué dans la seconde partie du film, n'est compréhensible que grâce à la voix off, ce qui est toujours une preuve indiscutable de l'échec de la narration et / ou de la mise en scène dans un film.
Bon, on critique, on critique, mais on a passé un très bon moment devant Cash, ce qui n'est pas si fréquent devant les productions Netflix.