"Hijack" de Jim Field Smith et George Kay : sept heures chrono...
Hijack n’avait pas grand chose, a priori, pour nous séduire : quand on nous a annoncé une nième histoire de prise de contrôle d’un avion de ligne par un commando contre lequel se dressera un homme, des images refroidissantes de Liam Neeson et consorts nous sont venues automatiquement à l’esprit ! Ce qui nous a fait changer d’avis, c’est, logiquement, le nom d’Idris Elba en tête du casting : Elba, l’acteur révélé par The Wire, et qui devrait, s’il y avait une justice, déjà être énorme à l’heure qu’il est, alors qu’il végète dans des seconds rôles ou des séries au rabais.
Dès le premier épisode, posant les bases de la prise d’otages à bord d’un vol Dubai-Londres, quelque chose nous accroche : le but des agresseurs est mystérieux, le héros, Sam Nelson, n’est pas un flic ou un ex-militaire, mais un professionnel de la négociation commerciale, et le récit a pour ambition de respecter autant que possible le « temps réel » (un vol de 7 heures raconté en 7 épisodes de près d’une heure). On apprécie aussi une image soignée, une mise en scène serrée, des personnages secondaires prometteurs. Et surtout de beaux moments de tension, soit – logiquement – dans l’avion alors qu’entre le commando, l’équipage et les passagers se développent des rapports complexes, soit, à Londres, lorsque la famille de Sam, puis les contrôleurs aériens et enfin les politiques et la police réalisent la gravité de ce qui est en train de se passer…
Mais Hijack, et on va peu à peu s’en rendre compte, fera bien peu de choses de ces ingrédients séduisants. Non pas que l’on s’ennuie, puisque George Kay (à qui on doit des choses à la réussite aussi variable que Lupin, Criminal ou Killing Eve) et ses scénaristes parviennent à nourrir le suspense de nouvelles situations, de jolies surprises et de révélations qui, si elles ne sont pas bouleversantes, entretiennent l’intérêt. On peut trouver que la découverte progressive de l’objectif final de l’action du commando débouche sur une histoire bien peu crédible, mais au moins la tension dans les deux ou trois derniers épisodes est satisfaisante, garantissant la qualité du divertissement.
Et, lorsque le générique final défile, force est de constater que Jim Field Smith (également réalisateur) et George Kay n’ont rien créé de vraiment original : le thème de la négociation comme jeu de pouvoir et de manipulation à été rapidement abandonné, les multiples personnages secondaires ont été délaissés, Janssen, le seul antagoniste substantiel (Simon McBurney, intense) est apparu bien trop tard et a été dégagé bien trop vite, tandis qu’aucun des membres du commando ne s’est avéré un adversaire de taille face à Elba, condamné à balader son énorme charisme pendant 7 heures sans en faire grand chose.
Bref, même si Hijack est, répétons le, un honnête divertissement, il est bien inférieur à ce qu’il aurait pu être.