L'idée de Franck Thilliez avec ce 1991, c'est de nous offrir une origin story de son personnage le plus célèbre, Sharko, mais il faut admettre que le plus passionnant dans la démarche, c'est de nous plonger dans le fonctionnement d'une enquête policiere à une époque, pourtant pas si lointaine, où l'informatique en était à ses débuts et où le téléphone portable semblait un "truc de SF". Cette approche "low tech" du thriller s'avère très rafraîchissante, tout en étant source additionnelle de suspense.

Ceci posé, on est ici dans du Thilliez standard, c'est à dire dans un polar imprégné de fantastique (même s'il est systématiquement basé sur des théories scientifiques plus ou moins sérieuses), où abondent les scènes horrifiques, insoutenables parfois, ce qui est, rappelons le une nouvelle fois, la tare numéro 1 du genre en France. Le style littéraire de Thilliez reste aussi passe-partout qu'à son habitude, avec pour seul objectif l'efficacité et la création d'un effet d'addiction chez le lecteur. Et ça fonctionne, inutile de le nier !

Remarquons aussi qu'en empilant maints sujets comme la prestidigitation, le vaudou, le dédoublement de personnalité et la "théorie des genres" à l'épreuve de la chirurgie et de la psychanalyse, Thilliez abuse largement : certes, cette accumulation crée un effet de sidération avec des surprises et des coups de théâtre à répétition, mais joue finalement contre la crédibilité du récit (trop, c'est trop !).

Rappelons donc à Franck Thilliez qu'il serait un meilleur auteur s'il retranchait des sujets et des péripéties à ses roman plutôt que d'en ajouter jusqu'à saturation !