Gyasi au Folk-Blues festival de Binic le dimanche 30 juillet
21h50 : Gyasi, qu’on attend avec impatience depuis le début de la journée, est enfin là, devant nous, avec 10 minutes d’avance (ce qui lui permettra d’ailleurs de nous offrir un set d’une heure…) ! Et, inutile de le nier, c’est une déferlante d’extase qui balaie le public devant la grande scène : ouaouh ! Glamour, beauté, électricité… oui une sorte d’électrocution instantanée, c’est la meilleure description possible. Et un grand moment de pur rock’n’roll pailleté aussi. Gyasi, comment vous dire, c’est comme si Ziggy, au lieu d’atterrir à Londres, avait fait une petite erreur de trajectoire et s’était retrouvé dans le sud des USA, et avait donc joué du blues. On a tout le décorum glam – costumes pailletés improbables, platform boots, maquillage, hyper sexualisation des moindres postures scéniques – mais avec une musique qui ne cite que rarement ses sources, et est au contraire ancrée dans son terroir. Pas du tout de la nostalgie rance des années 70 façon Greta Van Fleet par exemple, mais l’évidence – oui, absolument – que l’imagerie glam, école Bowie/Bolan, peut servir à un jeune Américain qui se sent femme pour s’exprimer. D'ailleurs, après le set, en rangeant son matériel, Gyasi ramasse une écharpe arc-en-ciel lancée par un spectateur, mais il n’en a pas besoin : le militantisme LGBT, c'est lui, son corps, ses attitudes, son Art. Et son incroyable beauté, bien sûr.
Alors oui, Mick Ronson est une référence évidente sur certains passages de guitares – avons-nous dit que Gyasi est un excellent guitariste ? (Ziggy played guitar !). Oui, il y a un passage « cabaret » qui sert d’hommage à une certaine décadence berlinoise. Oui, il y a la reprise à la fin de couplets de I’m Waiting for the Man du Velvet, mais c’est dans une version totalement soul… Répétons-le, Gyasi, c’est beaucoup plus que ces quelques citations, c’est une nouvelle expression de la splendeur du rock’n’roll, lorsqu’il assume clairement sa singularité, son audace, son refus des diktats. Il suffisait de voir autour de nous l’enthousiasme, la joie sur les visages, ce qui est presque incompréhensible d’ailleurs quand on réalise que 99% des gens devant la scène n’avaient probablement jamais entendu une note de musique de Gyasi.
Après une telle émotion, il n’était malheureusement pas possible de rester écouter les excellents Guadal Tejaz. Nous n’étions plus en Bretagne, nous étions sur Mars !