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Le journal de Pok
20 juillet 2023

"Frères de crime" (Irmandade) – Saison 2 de Pedro Morelli : l’homme est un loup pour l’homme…

Irmandade S2 affiche

En octobre 2019, Netflix mettait en ligne Frères de Crime (Irmandade en version originale), une série brésilienne qui tranchait sur la production moyenne de séries télévisées du pays, et qui revenait sur les fameuses situations insurrectionnelles dans les prisons au cours des années 90 : dure, brutale, émotionnellement forte, Irmandade racontait le déchirement de Cristina, une jeune avocate déchirée entre son amour pour son grand frère Edison, leader d’une faction criminelle et emprisonné, sa vocation et ses principes moraux. Le scénario, retors, de la première saison, la voyait finalement trahir et son frère et son métier, Irmandade ayant parfois l’ampleur d’une véritable tragédie intime, en dépit de certaines facilités d’écriture.

Lorsque débute, près de trois ans plus tard, la seconde saison, on est en droit de se demander ce qu’elle peut apporter à un sujet déjà bien traité, et quel est désormais l’intérêt d’un personnage comme celui de Cristina, dont l’ambiguïté a largement disparu… Ce qui fait qu’on a initialement du mal à entrer dans les premiers épisodes d’une « suite » qui va chercher de nouveaux antagonistes pour se renouveler : d’une part le nouveau gouverneur des prisons, qui symbolise l’un des principaux maux brésiliens, la corruption profonde du système politique ; de l’autre un chef de bande adverse, au comportement ultra-violent, qui fait régner la terreur y compris dans ses troupes et dans les favelas qu’il contrôle. Les mobiles de Cristina – un peu comme ceux de Walter White dans Breaking Bad – ont beaucoup évolué et sont passés de la nécessité de survivre à un goût peu à peu acquis pour le pouvoir. Cette évolution du personnage principal, d’abord difficile à saisir, cristallise peu à peu le véritable nouveau sujet de la série, qui est – de manière assez classique – la manière dont le pouvoir empoisonne les âmes, et écrase progressivement les idéaux de ceux qui en jouisse.

A nouveau, c’est le très beau personnage d’Edison, parfaitement incarné par un Seu Jorge possédé, qui symbolise le mieux cette dérive : sous le prétexte de défendre les intérêts des détenus face aux brutalités des gardiens et aux conditions inhumaines de détention, le chef de « l’Irmandade », va jusqu’à la violence la plus extrême et aux compromis les plus immoraux pour conserver son emprise et son leadership. Envolée cette fraternité proclamée, ignorés les liens de sang et les serments d’amitié : dans deux épisodes remarquables – le quatrième et le cinquième – Pedro Morelli (showrunner mais également réalisateur de la plupart des épisodes) et son équipe portent à nouveau la série à son incandescence.

Et si la conclusion semble un peu plus convenue, elle laisse entrevoir un avenir particulièrement cruel pour les protagonistes – enfin, ceux qui ont survécu – définitivement passés du « côté obscur ». L’homme est un loup pour l’homme, et la femme n’est pas en reste…

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