Interpol à la Philharmonie (Paris) le mercredi 5 juillet
21h10 : On nous avait prévenus : cela allait être difficile de prendre des photos d’Interpol ce soir, le groupe ayant choisi (une fois encore) une semi-obscurité baignée de lumières rasantes placées face au public, et épisodiquement traversée de rayons réfléchis par des boules à facettes placées au niveau du sol. Et en effet, il sera à peu près impossible de photographier Paul, Daniel et leurs musiciens, ce soir.
Sans surprise, c’est Next Exit qui ouvre le bal, annonçant l’interprétation de l’intégralité d’Antics. Ce qui signifie que l’une des meilleures chansons du groupe, Evil, sera jouée en seconde position, et qu’elle nous manquera plus tard, quand il s’agira de monter en puissance ou de terminer le set de manière mémorable… Bon, faisons contre mauvaise fortune bon cœur, et reconnaissons que le son est excellent, qu’Interpol ont retoqué les chansons de 2004, rajoutant pour les fans un léger effet, sinon de surprise, mais au moins de « redécouverte ». Et aussi que ce genre d’exercice permet d’entendre en live des chansons qui ne font plus partie depuis longtemps des setlists : A Time to Be Small, la conclusion de l’album n’aurait pas été jouée sur scène depuis 2007, a priori !
Un concert d’Interpol, on le sait, est avant tout soumis à l’état d’esprit de Paul, qui peut gâcher n’importe quelle soirée s’il est de méchante humeur. S’il aura gardé ce soir, fait très significatif, ses lunettes durant l’intégralité du set (ce qui dénote normalement que ce n’est pas un bon soir pour lui), il se sera exprimé à plusieurs reprises en français, et a semblé raisonnablement heureux d’être là, à Paris ! Et puis, le concert aura quand même duré presque une heure et vingt-cinq minutes, ce qui est bien pour le groupe.
On pourrait dire, au risque de s’attirer les foudres des « vrais fans » du groupe, que les choses ont complètement pris forme, après une pause rapide de 5 minutes, avec le second set, composé de huit titres, dont cinq (quand même !) provenant du premier ou du second album du groupe : tout en confirmant l’aspect « nostalgique » du concert de ce soir, ce set a montré le groupe faisant preuve d’une belle énergie. Daniel Kessler, en particulier, a été brillant à la guitare et a régulièrement injecté aux chansons une passion qu’on aimerait plus systématique chez Interpol. Pioneer to the Falls a été particulièrement émouvant, et PDA en conclusion, a rappelé que la musique d’Interpol pouvait encore sonner de manière « urgente », après toutes ces années.
Et pour celles et ceux qui se sont posés la question, sans doute la plus importante : ce soir, les chaussettes de Daniel étaient rayées noir et blanc… ce qui ne laisse pas d’être une vraie faute de goût !