"Le Croque-mitaine" de Rob Savage : la peur et c'est tout !
La question des mécanismes de la peur est au cœur du cinéma fantastique, et après des décennies où le cinéma US s'est égaré dans une sur-représentation visuelle de l'horreur permise par le perfectionnement des effets spéciaux ou dans l'activation décérébrées de réflexes pavloviens (les insupportables jump scares), il semble que, aussi bien dans le cinéma auteuriste (avec Ari Aster comme figure de proue) que dans les films populaires, les jeunes réalisateurs reviennent aux règles confirmées de l'horreur classique : en montrer moins pour laisser l'imagination du spectateur en faire beaucoup plus, jouer sur la durée, le "réalisme", le silence, plutôt que de continuer dans une spirale ascendante de sons et d'images hystériques. Le Croque-mitaine, film pourtant peu ambitieux, est un bel exemple de réalisation intelligente, qui arrive à faire vraiment peur en ne montrant pas grand chose pendant les trois quarts de son déroulement. Et c'est un vrai soulagement que de voir ainsi une simple histoire de "monstre dans le placard ou sous le lit" fonctionner aussi bien avec autant de "sobriété".
Le problème est que cela ne suffit pas pour autant à faire un bon film. Car Rob Savage échoue par contre à nous raconter une histoire cohérente, logique jusqu'au bout, comme si l'écriture d'un vrai scénario à partir de la trame d'une simple nouvelle de Stephen King n'avait pas été la priorité. Plus grave encore peut-être, l'histoire manque cruellement et de symbolique et de sous texte, deux éléments dont on sait l'importance pour qu'une histoire de monstre puisse réellement nous toucher.
Bref, on a peur devant Le Croque-mitaine, mais on ne comprends pas où Rob Savage veut en venir, ce qu'il veut nous dire, et du coup, on se désintéresse peu à peu du film.