Elysian Fields au Café de la Danse (Paris) le samedi 10 juin
21h : La musique de Nino Rota, composée pour le film de Fellini Il Bidone, sert d’introduction au set de Jennifer Charles et Oren Bloedow, qui jouent ce soir en format groupe, avec l’aide – précieuse, ce soir – de deux musiciens locaux (on y reviendra). Curieusement Elysian Fields n'apparaitront pas quand la musique se termine, et il faudra attendre un peu encore. Toute la soirée sera l'occasion de petits ratés de ce genre, sans aucune conséquence, et finalement bien sympathiques, conférant au set un aspect amateur agréable : c’est pourtant le tout dernier concert d’une tournée européenne conséquente…
On attaque dans la suavité et le mystère par le divin Where Can We Go But Nowhere : Jennifer, vêtue d’une robe blanche champêtre, reste toujours aussi fascinante, et se montrera particulièrement souriante ce soir, savourant visiblement l’amour que lui renvoient les spectateurs (aucune protestation cette fois contre les photographes, même si chacun, conscient du rejet habituel de cette pratique par Jennifer, fera très attention à ne pas la déranger). Sa voix est toujours aussi belle, et confère une légèreté surnaturelle à bien des chansons, comme s’il s’agissait à chaque fois de perpétrer un tour de magie (noire ?) pour ensorceler les spectateurs…
Comme anticipé, la setlist est principalement consacrée aux chansons de Once Beautiful Twice Removed, puisque huit titres sur douze en seront interprétés : nul ne s’en plaindra (hormis les quelques accros à la nostalgie qui réclameront de temps en temps une vieille chanson…), vu la qualité de ce dernier album. On notera que les deux musiciens de tournée, tous deux français, le bassiste Mathieu Lopez (du Delano Orchestra, donc ancien collaborateur du grand Murat) et le batteur Olivier Perez apportent à Elysian Fields un ancrage « rock » qui permet à Oren Bloedow de nous offrir de superbes passages de guitare saturée, comme par exemple sur l’accrocheur Tidal Wave, extrait de l’album Pink Air, petit moment de headbanging (léger, quand même…).
Jennifer et Oren nous présentent deux nouveaux titres prometteurs, Something Else et Strange Magic. Le menaçant Let It Spin Out, et ses guitares cinglantes, puis le très noir et très électrique Like Family (« Nobody, nobody / Can break your heart / Like family » !) referment le set dans une tonalité plus Rock
55 minutes seulement et c'est déjà le rappel. Mais Jennifer Charles nous réserve une magnifique surprise, un hommage à Murat - avec lequel elle a collaboré, rappelons-le : deux chansons, les superbes Jim (sur Mustango) et surtout Petite Luge (extraite de leur album en commun, Bird on a Poire). C'est à tour de rôle que le bassiste et le batteur font la voix masculine, sur laquelle Jennifer ajoute la sienne, avec une émotion évidente. Gageons que nous venons d'assister au plus bel hommage à Murat qui lui ait été rendu depuis sa disparition. Le second rappel revient vers le territoire traditionnellement plus calme du groupe, avec un Dream Within a Dream, tiré de l’album généralement préféré des fans, Queen of the Meadow, et se termine par Packing Boxes (non sans qu’Oren ait failli sortir de scène, croyant le concert terminé !), qui est aussi la conclusion touchante du dernier album.
Finalement, le set aura duré 1h25 au total, et tout le monde se réjouit d’une soirée parfaitement réussie, avec plusieurs instants de véritable magie… en dépit de la chaleur élevée qui régnait au Café de la Danse, et qui aura gâché pour certains le plaisir d'un concert aussi délicat.