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Le journal de Pok
27 mai 2023

"Sweet Tooth - Saison 2" de Jim Mickle et Beth Schwartz : mise à mort de l’enfant-cerf sacré ?

Sweet Tooth S2 affiche

Deux ans ou presque ce sont écoulés depuis la mise en ligne de la première saison de Sweet Tooth, adaptation ambitieuse du comic book de Jeff Lemire : c’est évidemment beaucoup lorsqu’on parle d’une série dont le personnage principal est un enfant. Christian Covery, qui joue le rôle de Gus, l’enfant-cerf, n’a plus 11 ans, mais 13, et le raccord entre le dernier épisode de la saison précédente et le début de celle-ci est logiquement difficile. Mais, paradoxalement, le fait que l’acteur principal ne soit plus un petit enfant mais un quasi pré-adolescent, ajoute de la crédibilité à ses aventures, et aux initiatives courageuses que notre petit héros prend face aux très méchants « derniers hommes » qui le traquent.

Rappelons que Sweet Tooth décrit un (autre) monde post-apocalyptique, dans lequel l’humanité a été balayée à 90% par un virus, apparu simultanément avec la naissance d’étranges « enfants-animaux », qui sont largement considérés par une bonne partie des survivants comme responsables de la pandémie. Gus – on l’a appris à la fin de la première saison – est en fait « le fils » d’une chercheuse travaillant dans le laboratoire d’où semble être sorti le virus, qui l’a confié à un collègue avant de disparaître elle-même à la recherche d’une manière de mettre fin au cataclysme. Capturé par une milice qui se qualifie elle-même comme « les Derniers Hommes », Gus rejoint les enfants-animaux qui servent de cobayes au Dr. Singh, qui recherche lui aussi un vaccin ou un traitement.

Le problème de la série, visible dès le début, et qui s’accentue dans la seconde saison, est le déséquilibre entre son aspect « familial », avec de nombreux moments où l’on est sensé s’extasier sur les mignons enfants-animaux, et avec une édulcoration systématique de la violence, et la noirceur de son thème, provenant du matériau d’origine, âpre et sombre, de Jeff Lemire. Car cette interrogation – assez classique dans les films ou séries post-apocalyptiques – sur la nature de l’humanité (ici, les animaux ne sont-ils pas plus humains que leurs bourreaux ?), s’accompagne de scènes potentiellement éprouvantes : il y a les expériences du Dr. Singh, prêt à sacrifier son éthique pour peut-être sauver sa femme contaminée, mais surtout pour découvrir la solution à un problème scientifique qui le passionne, mais aussi les combats – plus convenus – entre les différentes factions de survivants, débouchant sur des scènes de violence…

… Et il faut bien admettre qu’il s’agit d’un défi que Sweet Tooth n’arrive pas à relever, et qui crée une frustration grandissante chez le téléspectateur. Comment ne pas s’irriter devant la niaiserie profonde des scènes entre enfants – desservis par des maquillages largement ridicules ? Comment ne pas être déçu quand les affrontements entre adultes présentés comme cruels, brutaux, etc. se révèlent totalement anodins ? A ce titre, le dernier épisode, avec son combat jusqu’à la mort, dans la forêt, entre la petite troupe des Derniers Hommes et l’encore plus petite bande entourant Gus, qui n’a ni puissance, ni crédibilité : pire encore, l’accumulation de coïncidences totalement invraisemblables – comme le fait que les personnages se rencontrent ou se retrouvent presque par magie dans un territoire pourtant immense – limite largement notre adhésion à la série (si l’on pense aux dernières scènes présentant le sujet de la future troisième saison, il est difficile de ne pas grincer des dents quant à la manière dont le Dr. Singh retrouve la piste de Gus !).

Bref, on s’était senti plutôt bienveillant vis-à-vis d’une série qui bénéficiait d’une réalisation soignée et qui était portée par une narration équilibrée, mais notre patience s’érode au fil de ses 8 nouveaux épisodes jamais réellement convaincants.

Il est sans doute grand temps de laisser nos pauvres héros s’enfoncer dans le grand Nord et de passer, quant à nous, à des choses plus sérieuses.

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