"La Lisière" de Nicolas Tackian : A la lisière entre la médiocrité et l'ennui...
A force de lire des polars à peu près corrects, sinon géniaux, on en arriverait presque à oublier que quelques arbres vigoureux cachent une bien triste forêt. Choisir un livre au hasard sur une étagère d'un Relay dans un aéroport vous expose certes au risque de quelques heures d'une lecture vraiment peu enthousiasmante, mais permet aussi de relativiser les critiques adressées aux fabricants de best sellers les plus populaires.
La Lisière fait ainsi partie de ses livres même pas vraiment mauvais mais fondamentalement médiocres, où un auteur sans grand talent et sans inspiration copie les recettes déjà bien usées de ceux qui vendent des livres faciles par tombereaux, mais sans jamais réussir à les égaler.
Nicolas Tackian, inconnu au bataillon des écrivains dignes d'un minimum d'intérêt nous offre 320 pages que l'on parcourra avec une indifférence croissante, voire même avec des pointes occasionnelles d'irritation... Quand on se rend compte que tout son "style" littéraire repose sur le principe d'un enchaînement frénétique de chapitres courts sautant d'un personnage à l'autre, on comprend qu'on a affaire à une version littéraire de la daube hollywoodienne des blockbusters contemporains : comme on n'a plus confiance dans la capacité d'attention du lecteur, on va faire en sorte qu'il ne s'ennuie jamais en raccourcissant au maximum chaque scène, et en enchaînant ces scènes avec un rythme accéléré...
Entre une intrigue convenue dont la résolution est largement prévisible, des détours interminables par des scènes de cauchemars aussi inutiles que pénibles, pour une plongée dans un monde schizophrénique qui est ensuite abandonné sans vergogne quand on en revient au réalisme pur et dur, et surtout d'insupportables images quasi gothiques qui voudraient faire passer les collines bretonnes des "Monts d'Arrée" pour une sorte d'antichambre de Mordor, il n'y a pas grand chose à sauver dans cette pauvre Lisière qu'on s'empressera d'oublier...
... Mais en veillant à bien retenir le nom de son auteur, histoire d'être sûr de ne jamais racheter un de ses livres.