Jonathan Bree au Trabendo (Paris) le mercredi 19 avril
21h20 : Bâtons de LED rouges encadrant l’habituel grand écran sur lequel seront projetées des vidéos principalement en noir et blanc, pied de micro de Jonathan Bree également de LED rouge, et bordure de scène de LEDs bleu - trop fragiles pour que nous, spectateurs du premier rang, puissions déposer nos vestes ou nos sacs… Ce sont les nouveautés par rapport au dernier concert parisien de Jonathan, à Petit Bain. Sinon, rien ne change dans la forme, ce qui fait que nous pourrions faire un copié-collé de ce que nous avions écrit en mai 2022 : mêmes sons largement préenregistrés, même trio de musiciens officiant assez discrètement à l’arrière (même si chacun aura droit de venir faire un petit tour sur le devant de la scène), même couple de danseuses aux postures à la fois fascinantes et quand même embarrassantes, mêmes lumières roses et bleues…
Non, la nouveauté est la musique, et c’est quand même ce qui nous importe le plus, non ? Il y a ce formidable album, Pre-Code Hollywood, qui est le sujet de la soirée, et sera interprété dans son intégralité (mais dans un ordre différent de celui du disque), et la qualité des chansons fera que l’on prendre encore plus de plaisir au set que la dernière fois…
« It's not time to shy from what you like… so shed your skin » (Ce n'est pas le moment de se détourner de ce que vous aimez… alors changez de peau) : Epicurean ouvre la soirée, alors que la balance n’est pas encore parfaite – ça s’améliorera ensuite – puisque le chant de Jonathan est trop enfoui sous les voix féminines pré-enregistrées, vraiment envahissantes. Until We’re Done, l’un des 4 seuls titres de la soirée à ne pas être extrait du nouveau disque, rassérène les fans, mais c’est You Are The Man, l’une des chansons les plus accrocheuses, les plus rock de Pre-Code Hollywood qui ouvre vraiment le bal.
Pre-code Hollywood – la chanson – nous fait danser, mais souffre évidemment de l’incapacité du guitariste à atteindre la grâce de Nile Rodgers. Politics – avec une vidéo de Jonathan à la plage (mais avec son masque) en compagnie de son chien qui tente de le rendre un peu plus « humain », et qui touchera le cœur des plus cynophiles d’entre nous – s’avère réellement puissant. Le gracieux Valentine, avec son rituel des bouquets de rose (mais pas de pétales lancés sur nous cette fois !) nous offre encore une pause au milieu de la noirceur du nouvel album, même si sa grâce légère tient aussi du cynisme le plus désespéré (You're worthy of one just as wrong who is as dismal / When all is grey, a disarray, better the devil - Tu es digne de quelqu’un de tout aussi mauvais, de tout aussi lugubre / Quand tout est gris, en plein désarroi, mieux vaut le diable !) – et même si l’absence de Princess Chelsea se fait ressentir par rapport au playback des danseuses !
Et c’est enfin le moment que nous attendions, celui du sublime – et nous pesons nos mots – City Baby, qui nous broie le cœur alors que défilent en arrière-plan des images de métropoles grises… Jusqu’au final incroyable : « She don't need your company / (Wrapped in the arms, wrapped in the arms) / All she needs is the city » (Elle n'a pas besoin de ta compagnie / (Enveloppée dans les bras, enveloppée dans les bras) / Tout ce dont elle a besoin c'est de la ville). Dommage que la batterie soit un peu trop lourde pour que le décollage à la verticale soit parfait…
Miss You, comme sur l’album, manque un peu de punch pour convaincre entièrement, mais When We Met dégage vraiment une vibe Human League… alors que d’aucuns nous rétorquent que la voix de Jonathan ressemble de plus en plus à celle de Dave Gahan, ce qui est vrai. Et le final de We’ll All Be Forgotten marquera une vraie montée d’émotion, permettant à Jonathan de quitter pour quelques minutes sa persona de mannequin de department store…
Surprise par rapport à d’habitude, le groupe quitte la scène, puis revient pour ce qui paraît être un rappel ! Mais non, pas de cadeau final avec quelques chansons préférées des fans de la première heure (… et pourquoi pas des titres des Brunettes ? On peut toujours rêver…) : on termine le parcours de l’album avec son dernier morceau pas encore joué, l’ultra-mélancolique Steel and Glass… : « All I need's a lullaby / Lull me with a lullaby, bye / City baby » (Tout ce dont j'ai besoin est une berceuse / Berce-moi avec une berceuse, au revoir / Bébé de la ville !)… Et c’est bien sûr, comme toujours, le sublime I can’t help falling in love et la voix du King, qui nous ramène à la réalité et nous replonge dans la nuit de la ville, la vraie.