"Apaches" de Romain Quirot : sortir de la salle ou pas ?
Apaches est très certainement l'un des plus mauvais films que j'aie vus de toute mon existence. Rien ne fonctionne, tout est mauvais, et serait risible la plupart du temps, si ça n'était pas franchement déplaisant parfois : la scène de bagarre dans le bar entre "l'héroïne" et le tenancier du bar est du pur WTF, dégueulasse de surcroît, annonçant la déroute qui va suivre. Mais on aurait pu s'en douter dès le générique qui utilise I Wanna Be Your Dog comme musique, et l'irritant récit en voix off qui débute l'histoire...
Si l'on veut faire une liste de tout ce qui ne va pas dans le film, il est difficile d'être exhaustif : un scénario qui ne fait aucun sens, ne respecte aucune vérité historique, avec des comportements des protagonistes qui ne répondent à aucune logique, aucune psychologie cohérente, des acteurs qui - évidemment - luttent pour leur personnage (et échouent), des dialogues anachroniques, une mise en scène qui privilégie les effets faciles au dépend de la narration et de la lisibilité des situations, une image d'une laideur confondante, un BO absurde (impossible de ne pas se sentir gêné quand les danses populaires de l'époque sont représentées avec en fond sonore du rockabilly chanté avec un accent français hilarant ! Et ça n'a même pas l'air d'être du second degré, juste du sous-sous-sous-Baz Luhrmann)... N'en jetez plus !
Mais même toute cette médiocrité, que l'on serait disposer à oublier - après tout, il y a eu des milliers de films vraiment mauvais au cours de l'histoire du cinéma -, ne peut excuser l'inexcusable : cette scène montrée comme un court-métrage burlesque des débuts du cinéma, où "les Apaches" exécutent des badauds lors de l'exposition universelle est d'une obscénité sans nom (et ce n'est pas le fait de "justifier" cette exécution, présentée comme "amusante" en l'expliquant comme un désir de libérer les Africains exhibés comme des animaux sauvages, qui va nous la faire avaler...). Ne pas sortir de la salle quand on vous inflige de telles choses est-il un acte de courage ? Je me le demande encore, vu la manière dont Apaches m'a durablement déprimé.