"Extraordinary" d'Emma Moran : Pas totalement extra-ordinaire... mais quand même...
La première scène de Extraordinary l'est, extraordinaire. Et elle nous embarque immédiatement dans cette histoire délirante où tout le monde a des super-pouvoirs. Tout le monde ? Non : une jeune femme, Jen, reste désespérément à l'écart du reste de l'humanité, et attend en vain depuis des années la révélation de son super pouvoir à elle...
Le premier des 8 épisodes de la première saison de cette nouvelle série "young adults" britannique est décoiffant, et nous offre 30 minutes de pur bonheur télévisuel. Le problème est que cette bénédiction absolue ne dure pas, et que, peu à peu, même si de très bon passages continuent à nous épater ça et là, on a tendance à retomber dans les thèmes un peu éculés de tous les sitcoms consacrés au mal-être des jeunes luttant avec l’entrée dans le monde adulte : difficultés avec les colocataires, brouilles entre meilleures amies, histoires d’amour qui sont d’évidence sans issue, difficultés à se motiver pour trouver un job, etc.
Cette impression de déjà-vu est désolante, mais pas surprenante : après tout, avec un point de départ aussi original, aussi fort, tenir le pari de « l’extraordinaire » sur la longueur d’une série TV était clairement impossible. Et il aurait sans doute mieux valu jouer la carte d’un film de 90 minutes, qui aurait été une réussite fantastique, avec un scénario se concentrant sur les deux grandes idées de cette première saison : l’équipe de bras cassés désirant devenir des « vigilantes » à l’image des super-héros du cinéma US, et surtout le merveilleux personnage du chat / Jizzlord, parfaitement incarné par l’hilarant Luke Rollason.
Mais, de toute manière, comme c’est bien souvent le cas à la télévision britannique, l’interprétation est globalement tellement bonne qu’on est prêts à passer sur les baisses de régime du scénario : Máiréad Tyers, dans le rôle de Jen, est même quasi inoubliable, tant il dégage de la complexité, de l’ambiguïté, au-delà de son registre comique impeccable.