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Le journal de Pok
3 mars 2023

King Gizzard & The Lizard Wizard au Zénith (Paris) le jeudi 2 mars

2023 03 02 King Gizzard Zénith (5)

21h00 : Les instructions données à King Gizzard & The Lizard Wizard sont claires, et indiquées en noir et blanc sur la setlist : à 23h00, tout doit être bouclé, extinction des feux ! Le groupe opte donc pour un set de deux heures, sans rappel, ce qui énervera certains fans hardcore qui auraient bien repris une portion supplémentaire à la fin de ce repas pantagruélique…

Car dans la fosse, les fans des Australiens sont légion, et ils sont particulièrement chauds bouillants. Le démarrage sur les chapeaux de roue avec le sublime classique qu’est Rattlesnake (bien typique de nos cinglés d’Australie que d’offrir leur plus GROS titre d’entrée de jeu plutôt que de le réserver, comme le font 99% des groupes, pour la fin !) s’accompagne d’un véritable pandémonium, avec moshpit en furie et déferlement ininterrompu des slammers sur les nuques des premiers rangs.

Tout le monde – ou presque – braille à pleins poumons « Rattle ! Rattle ! », et quand on est devant, on entend à peine le groupe, tant les clameurs sont fortes. Le niveau sonore des guitares est en particulier très insuffisant quand on est dans les premiers rangs, alors que, sur la sono du Zénith, le son est globalement bien équilibré et précis. Ce petit problème sera progressivement corrigé, sans même mentionner que, une fois passés les premiers titres « tubesques » (enfin, dans la perspective de KG&LW… : O.N.E., Wah Wah…), les cris dans la foule baisseront quand même d’un ton…

2023 03 02 King Gizzard Zénith (28)

Pour qui a déjà eu la chance de voir King Gizzard sur scène, le concert de ce soir manque de quelque chose pour être totalement convaincant, et peine à nous enthousiasmer aussi complètement qu’à l’habitude : est-ce une question de choix des morceaux, le peu d’espace accordé aux chansons « microtonales » étant forcément frustrant ? Est-ce l’absence des deux batteries qui fournissaient une puissance démentielle aux chansons, et qui font défaut ce soir ? Ou est-ce l’habituel syndrome du « c’était mieux avant » qui nous fait comparer le groupe de 2022 avec ce dont nous nous souvenons de leur sublime concert au Bataclan en mars 2018, il y a 5 ans déjà ?

Paradoxalement – ou pas ? – c’est quand le groupe s’attaque dans la seconde partie du set aux morceaux plus « expérimentaux » de l’album fourre-tout qu’est Omnium Gatherum, qu’il regagne en pouvoir de fascination. Le hip hop (eh oui !) de The Grim Reaper, avec un numéro de rappeur convaincant d’un Ambrose Kenny Smith très en forme ce soir et la flûte absurde de Stu, fait souffler un véritable souffle de fraîcheur sur le set. La pop électro-psyché de The Garden Goblin et de Magenta Mountain, avec claviers hallucinés en avant-plan, rapproche King Gizzard de leurs compatriotes de Tame Impala, et constitue un pur ravissement, pour le coup…

Final à fond la caisse dans une tonalité franchement heavy metal avec des titres qui sonnent certes un tantinet « bas du front » (Planet B, Hell), mais qui véhiculent un message environnemental salvateur : l’efficacité des riffs littéralement mortels de Gaia est indiscutable, et permet au groupe de quitter la scène dans un paroxysme d’hystérie…

… qui ne fera pas complètement oublier le sentiment occasionnel de moindre majesté d’un groupe que l’on continuera pourtant à considérer comme absolument essentiel pour notre époque en mal de repères.

 

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