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Le journal de Pok
11 février 2023

"La Petite Fille sous la Neige" de Jesús Mesas Silva et Javier Andrés Roig : un enfant disparaît…

La Chica de Nieve affiche

On a parfois le sentiment que la célébrité (ou l’infamie, selon les cas) de la Casa de Papel a réduit dans l’esprit des téléspectateurs la série TV espagnole à une série de clichés typiques du style d’Álex Pina, un peu de la même manière que l’on a réduit durant plusieurs décennies le cinéma espagnol à Pedro Almodóvar. Ceux qui détestent, et on les comprend en partie, le règne du clinquant et de la provocation, la prépondérance de la forme sur le fond, bref tout ce qui caractérise les « produits d’appel » de la collaboration de Pina avec Netflix risquent donc de passer à côté d’une production espagnole, parfois signée Netflix en effet, de polars durs, réalistes, et parfaitement dignes d’intérêt. Et la Chica de Nieve (en français la Petite Fille sous la Neige, en anglais Snow Girl) en est un bon exemple.

L’histoire démarre, de manière très cruelle (et tous les parents de jeunes enfants souffriront beaucoup durant ce premier épisode), par la disparition d’une petite fille durant le défilé et la fête traditionnelle des Rois Mages à Malaga : Amaya échappe un instant à son père qui lui lâche la main au milieu de la foule en liesse, et on ne la reverra plus. Que s’est-il passé ? La Petite Fille sous la Neige (explication de ce joli titre dans le dernier épisode, mais les plus sagaces l’auront compris avant) raconte les enquêtes menées en parallèle par un couple de policiers, dont l’inspectrice Millán (Aixa Villagrán, très juste), et par une jeune journaliste, Miren (Milena Smit), aidée par son mentor, Eduardo (l’incontournable José Coronado, souvent vu chez Oriol Paulo, à la présence imposante). Les 6 épisodes vont parcourir un lapse de temps de plusieurs années, jusqu’à un dénouement très satisfaisant, d’ailleurs dévoilé de manière élégante au cinquième épisode, ce qui revient à rompre plaisamment la routine habituelle du film d’enquête.

L’intérêt de la Petite Fille sous la Neige, c’est d’avoir su compléter l’intrigue principale d’une plongée très sombre dans le monde souterrain de la pédophilie organisée, et de la pornographie illégale sur le Net, tout en utilisant comme fil conducteur la douleur des parents d’Amaya, qui n’arrêteront jamais de croire et d’espérer le retour de leur fille malgré le passage du temps. Et de finalement illustrer de manière plus complexe qu’il peut sembler de prime abord la belle phrase de son affiche espagnole : « Seuls ceux qui ne renoncent pas à chercher se trouvent eux-mêmes… ».

Le gros problème de la Petite Fille sous la Neige, au-delà d’une mise en scène passepartout qui traduit une certaine banalité télévisuelle, c’est l’interprétation peu convaincante de Milena Smit en Miren, qui devient rapidement le personnage central de la tragédie : même si l’on comprend qu’il s’agit de jouer une jeune femme totalement renfermée sur elle-même, systématiquement hostile, du fait d’un viol dont elle a été victime, Smit n’a tout simplement pas le talent ni même la présence à l’écran pour rendre son personnage intéressant. Ni même pour nous empêcher de nous sentir irrités à chaque fois qu’elle apparaît à l’écran.

Et quand on pense à la dernière scène du dernier épisode, qui laisse entendre qu’il pourrait y avoir une suite, sous la forme d’une nouvelle enquête menée par Miren, on a très peur…

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