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Le journal de Pok
8 février 2023

Alela Diane au Trianon (Paris) le lundi 6 février

2023 02 06 Alela Diane Trianon (14)

21h : Quand Alela Diane pénètre sur scène, vêtue de manière quasiment paysanne, force est de reconnaître que le temps a été clément avec elle, et on ne voit guère de différences physiques avec la jeune femme de 25 ans, timide et gracieuse, qui avait illuminé une soirée du Festival des Inrocks en novembre 2008. Par contre, impossible de ne pas remarquer à quel point sa voix est magnifique, a gagné de la force, de l’amplitude, sans doute grâce à une plus grande maîtrise technique. Dès l’introduction sur le classique Dry Grass & Shadows, le pari est gagné, une sorte de magie se répand dans le Trianon, qui ne se dissipera pas durant l’heure et demie de set qui suivra… Silence intégral dans la salle pourtant quasiment pleine, même d’ailleurs pendant qu’Alela accordera sa guitare (ce qu’elle fait très souvent), au point qu’elle se sentira obligée de demander : « Quelqu’un connaît une blague ? ».

Alela enchaîne d’emblée sept chansons de son nouvel album, Looking Glass, ce qui n’est pas typiquement la meilleure manière de captiver un public qui ne le connaît pas forcément (même si autour de nous, on voit nombre de personnes qui, les yeux clos, chantent pour eux-mêmes les textes des chansons). Mais Alela peut tout se permettre ce soir, rien ne viendra rompre le charme, même quand, vers la fin, un compatriote éméché viendra faire un peu de raffut. Il faut souligner à ce point combien le travail effectué par The Hackles derrière Alela frôle la perfection, tant en terme de délicatesse des vocaux que de pertinence des orchestrations, avec une mention particulière à la clarinette de Kati, qui ajoute un lyrisme subtil là où il le faut.

Bref intermède solo, avec un The Rifle qui soulève, évidemment des acclamations, et un morceau « à la demande ». Logiquement, ce sera son plus grand fan français, Gilles, qu’Alela a repéré (« pour son trente-neuvième concert », dit-elle), qui placera sa requête : un magnifique Tatted Lace.

The Hackles reviennent pour une dernière partie du set qui repart progressivement en arrière dans le temps, à partir d’une version emportée de Emigré, le « tube » de Cusp, jusqu’à l’incontournable The Pirate’s Gospel, que, comme toujours quand on l’entend, on rêve de voir un jour interprété à la manière (d’antan) des Pogues.

Mais le plus beau reste à venir : un rappel de deux titres, une version pétrifiante de Oh Mama, qui mériterait presque que la soirée s’arrête là, mais non, il y a encore la sublime Ether & Wood, pour nous la meilleure chanson qu’Alela ait jamais écrite, d’une beauté et d’une tristesse sublimes. « Ashes, Ashes… ». Oui, sublime, c’est le seul mot qui vienne à l’esprit à la fin de cette heure et demie parfaite.

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