"Sky Rojo - Saison 3" d'Alex Pina : micro-ondes, césarienne et tuyauteries…
Comment ne pas écrire sur cette troisième (et heureusement dernière) saison de Sky Rojo les mêmes mots que nous utilisions déjà il y a un an et demi à la sortie de la seconde ? « Trop, c’est parfois trop : voilà un concept qui clairement n’effleure pas l’esprit d’Álex Pina et de son équipe : la suite de Sky Rojo, c’est la même chose en plus… violent, excessif, hystérique… et improbable. Du coup, il est difficile de ne pas en sortir épuisé, et beaucoup moins tolérant vis-à-vis de ces excès. ». On a envie de s’arrêter là, tant il n’y a pas grand-chose à ajouter…
On avait quitté nos trois héroïnes violentes, Coral – espagnole et addict -, Wendy – argentine et lesbienne – et Gina – cubaine, innocente et enceinte -, après qu’elles aient réussi à échapper (et à voler au passage 4 millions d'Euros) à leur horrible (et ultra-violent) proxénète, Romeo. Et à quitter les Açores, enfin ! Mais comme Romeo avait juré qu’il n’en resterait pas là… cette troisième saison sera donc, dans cette première partie, consacrée à sa vengeance, qui culmine dans une assez réjouissante bataille navale (partiellement sous-marine). Et elle se terminera avec le règlement de compte final, qui se déroulera, inévitablement, au « Sky Rojo », le bordel de Romeo.
Bref, un scénario sans surprises, où il semble que la seule motivation d’Esther Martínez Lobato et d’Álex Pina soit de nous balancer en pleine figure les scènes les plus outrancières possible : on découvrira donc ici un usage créatif d’un four micro-ondes et d’un coupe-vitre, la recette de la césarienne au couteau, l’utilisation de tuyauteries de chauffage comme cercueils… et tant d’autres choses auxquelles nous n’avions pas pensé et qui ne nous manquaient pas vraiment.
Dans les mécanismes narratifs de Sky Rojo, l’introduction régulière de nouveaux personnages secondaires répond à la nécessité de disposer de « chair à canon », c’est-à-dire de nouvelles victimes potentielles de la violence des protagonistes, qui eux sont, pour la plupart et la plupart du temps, indestructibles : que ça soit blessures par balle, à l’arme blanche, mais aussi addictions aux drogues les plus extrêmes, rien de tout ça ne semble avoir un effet durable sur les personnages principaux de Sky Rojo, qui, comme des héros de dessins animés de Tex Avery, se remettent toujours sur pied et se relancent dans la bataille.
Finalement, la seule manière acceptable de regarder Sky Rojo, c’est bel et bien au second degré, sans trop s’en faire ni pour la logique des situations, ni pour le destin de ses héroïnes : admirer le dynamisme de la mise en scène d’Óscar Pedraza, se repaître des couleurs magnifiques des Açores ou d’Almería, s’amuser des excès permanents dont se rendent coupables les protagonistes… Un divertissement comme un autre en attendant patiemment la fin de la série, dont on regrette quand même qu’elle n’ait pas emprunté un chemin un peu plus noir, un peu moins consensuel.
… avant de passer à quelque chose d’un peu plus consistant.