Revoyons les classiques du cinéma : "Alien" de Ridley Scott
Malgré notre amour infini pour le cinéma, il fait reconnaître que la majorité des films s'usent avec le temps, et ce d'autant plus qu'ils sont devenus des mythes. En revoyant Alien aujourd'hui, on se rend compte de ses immenses qualités formelles, et en particulier le refus d'un Ridley Scott encore quasi débutant de toutes les ficelles de la terreur facile qui rendent si efficaces et si artificiels l'immense majorité des films d'épouvante contemporains : si dans l'espace, personne ne vous entend crier, dans le noir, il est indéniable que les monstres sont bien plus impressionnants qu'en pleine lumière. Lent, sombre, parfaitement mesuré, Alien est devenu un classique, mais un classique qu'on regarde avec beaucoup de recul, ce qui le prive largement de son impact initial : on sait ce que la saga qui a suivi a donné (peu de choses vraiment convaincantes), on est surpris de revoir une Sigourney Weaver si jeune, si ronde, si sexy dans son rôle totalement iconique de Ripley, on s'amuse de voir ce que l'on imaginait à l'époque que serait la technologie du futur, et en particulier les ordinateurs. Et on en oublie d'avoir peur. Et on s'irrite un peu, à tort, quand nos enfants nos disent : "mais papa, pourquoi tu nous avais dit que ce film faisait vraiment peur ? On a rien vu…". Non, tu n'as rien vu : et, à l'époque, on appelait ça du cinéma.