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Le journal de Pok
5 janvier 2023

"The Recruit" d'Alexi Haley : qui trop embrasse...

The Recruit Poster

L’espionnage est (à nouveau) à la mode, et, guerre « tiède » avec la Russie oblige, les séries TV consacrées aux jeux d’espions entre les occidentaux et les Russes se multiplient. Alors que la concurrence entre les plateformes est rude, et qu’il s’agit de trouver sa place entre ces deux extrêmes que sont depuis des décennies les « jamesbonderies » spectaculaires (la dernière saison de Jack Ryan, sous testostérone Michael Bay, sur Prime) et les complots machiavéliques à la John Le Carré (Slow Horses, avec l’humour en plus, sur Apple TV+…), les showrunners doivent désormais se creuser les méninges.

L’idée (géniale ? ça reste à voir…) d’Alexi Hawley, showrunner de The Recruit, la toute dernière série d’espionnage sur Netflix, c’est le mélange de genre « à la coréenne » : un quart de critique « politique » (la CIA, ses habituelles pratiques douteuses, sa bureaucratie kafkaïenne), un quart de comédie cynique (les luttes minables entre collègues de travail pour s’assurer une promotion, ou… éviter d’être licencié !), un quart rom com (ils ont rompus depuis longtemps, ils sont colocataires et toujours amoureux d’un de l’autre), un quart jeux mentaux (l’intelligence triomphe sur l’expérience et la force, c’est l’argument-clé de la série), et un quart violence brutale. Ça fait cinq quarts ? Oui, peut-être, et c’est bien le problème de The Recruit, d’avoir voulu trop en faire, trop en mettre, de faire valser le téléspectateur trop vite entre des idées et des émotions très différentes : stimulant, mais fatigant. Et parfois même irritant !

Car dans cette histoire trépidante d’un jeune avocat, qui adore se mettre en permanence dans des situations de risque extrême et a rejoint la CIA, on aurait bien sabré la comédie romantique, qui nous vaut les pires moments de la série, ceux qui non seulement écœurent par leur stéréotypes, mais mettent même en péril la mécanique pourtant efficace du scénario : lors que Hannah (la colocataire amoureuse) et Terence (le cliché homo noir et cool) se pointent à Genève en plein milieu des scènes de tension intenses de la dernière partie de la saison, on se demande vraiment à quoi pensent les scénaristes pour conjuguer ainsi invraisemblance et inefficacité…

Dès son arrivée à Langley, Owen Hendricks, jeune avocat tête brûlée, a la chance (?) de tomber sur le dossier brûlant de menaces proférées contre l’agence par une ex-asset en Biélorussie, Max Meladze : en essayant de protéger la CIA, Owen va ouvrir la boîte de Pandore et déclencher une réaction en chaîne de violence et de manipulations, il faut l’avouer, parfaitement réjouissante. Pour donner vie à un personnage complexe et improbable comme celui d’Owen, le tout jeune Noah Centino a fort à faire, et ne mène pas toujours sa barque d’une main sûre, ce qui ajoute finalement de la crédibilité à son personnage. Et la série peut compter, même lorsque le talent de Centino vacille, sur une remarquable Laura Haddock, à qui l’on donne enfin un vrai rôle après les bêtises de Transformers ou des Gardiens de la Galaxie, et qui incarne une assez extraordinaire espionne prête à tout pour récupérer sa vie. Et sur une pléthore de seconds rôles bien écrits, bien caractérisés, qui permettent à The Recruit de bénéficier d’un univers riche et crédible.

Il reste qu’on aurait aimé que l’histoire se boucle à la fin de ces 8 épisodes d’une heure, au lieu de nous abandonner sur une scène coup de poing et un cliffhanger douloureux. Le retour des mauvaises habitudes de la série TV qui veut absolument hameçonner ses clients ?

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