"The White Lotus - Saison 2" de Mike White : poncifs + préjugés = succès !
Gros carton populaire de la fin de l’année 2022, la seconde saison de The White Lotus souffre pourtant de gros défauts qui rendent difficile à comprendre l'engouement général : rétrospectivement, on peut préférer la folie burlesque à la Blake Edwards de la première saison à cette seconde bordée d'épisodes tièdes, très tièdes, jusqu'à une conclusion effectivement réussie qui a certainement joué beaucoup sur les appréciations du public.
Cette seconde saison, située dans le cadre magnifique de la Sicile, à Taormina principalement, a clairement répondu aux attentes de la majorité des téléspectateurs en mettant en scène avec une certaine malice toute une brassée de poncifs : nos crises de couple (quand le sexe se fait de moins en moins fréquent dans la vie conjugale), nos désirs sexuels qui se combinent à nos frustrations (le partenaire de l'autre qu'on a envie de lui voler pour démontrer qu'on vaut mieux que lui / elle), notre soif de dépaysement (l'Italie, fantasme très répandu, en particulier aux USA) et notre... peur inexprimable de ce que “l’autre” peut nous réserver…
Et c'est bien sur ce dernier point que The White Lotus, qui avait pourtant nourri sa première saison à la culpabilité post-coloniale, devient franchement antipathique : car le centre des trois histoires qui constituent cette fois son scénario est fondamentalement cette paranoïa tellement US sur le fait que les "étrangers" en veulent à leur fric, et vous les arnaquer, voire les tuer, après les avoir éblouis par les charmes de leur "culture". Tous les Italiens ici sont des putes ou des escrocs, et ceux qui ne le seraient pas sont tout simplement odieux quand ils arrêtent d'être hypocrites. Ajoutons que pour Mike White et ses scénaristes, à qui l'on ne pourra certes pas reprocher d'être "woke", les homos - anglais, français ou italiens - sont des gens fourbes à qui il convient de ne pas faire confiance...
On se demande du coup ce que des acteurs de talent comme F Murray Abraham, Michael Imperioli, Tom Hollander ou Jennifer Coolidge sont venus faire dans cette galère, même s'ils nous font passer de bons moments...
... et jusqu'où ira Mike White dans une troisième saison, probablement inévitable, maintenant qu'il a pu vérifier que ses préjugés et son idéologie rance sont amplement plébiscités.