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Le journal de Pok
3 décembre 2022

"Barbares - Saison 2" de Andreas Heckmann, Arne Nolting et Jan Martin Scharf : le combat des chefs

Barbares S2 affiche

Eh oui, deux ans déjà se sont écoulés depuis la première saison de Barbares (Barbaren, en VO !), la série TV allemande coproduite par Gaumont et Netflix, et voici une seconde bordée de 6 épisodes pour nous faire rêver, nous petits Gaulois en manque d’Astérix crédibles, de résistance acharnée contre un envahisseur brutal (César hier, Poutine aujourd’hui ?).

La formidable victoire des tribus germaniques sur l’armée romaine dans la Forêt de Teutobourg (des faits réels, rappelons-le ayant servi de base à la première saison) a permis aux différents chefs de tribus de s’allier, mais le spectre de l’invasion romaine n’est bien sûr pas définitivement repoussé, et un nouveau camp retranché – non, pas Babaorum ! – est implanté sur le territoire des Chérusques, qui se doivent d’aller chercher de nouveaux et plus puissants alliés.

En roue libre cette fois, la caution historique n’étant plus à l’ordre du jour – et d’ailleurs, il semblerait que les « conseillers historiques » aient quitté la série ! -, les scénaristes de Barbares nous offrent un bis repetita sans grande imagination de la première saison, avec tragédies familiales, duplicité politique et trahisons sanglantes à tous les étages, et pour finir, un joli bain de sang dans un dernier épisode – la prise d’assaut du camp retranché, certes plus modeste que la bataille de Teutobourg, mais spectaculaire – rempli d’une violence graphique pour le moins roborative. Et, bien entendu, une accentuation de toutes les caractéristiques des six premiers épisodes : plus de tragédie, plus de duplicité, plus de trahisons, plus de sang. Au point qu’on se dit que le vrai modèle de Barbares, ce n’est pas Astérix (on plaisante), mais bel et bien Game of Thrones, que la musique du générique invoque sans vergogne : les scènes d’orgie romaine dans un improbable bordel (non protégé) à l’écart du camp retranché, ne laissent guère de doutes à ce sujet.

Le résultat ? En bien, soyons honnêtes, si l’on arrive à passer sur les mêmes défauts que ceux de la première saison (invraisemblance de nombreux rebondissements, confusion topographique avec distances parcourues en un clin d’œil et rencontres inopinées dans la forêt), on est quand même gênés par le fait que la multiplication des trahisons et revirements ôte plusieurs personnages de toute crédibilité, en particulier les trois nouveaux, Flavus – le frère homo de Ari – et Gaius – son fils – (deux protagonistes capitaux ici qui apparaissent au premier épisode sans réelle justification, et ne serve qu’à remettre une pièce dans la machine), mais aussi le grand méchant, Germanicus (Alessandro Fella, délicieusement répugnant), dont on peine finalement à saisir et la véritable personnalité et les convictions réelles.

C’est bien dommage, parce que sinon, on peut reconnaître que Barbares reste plaisant, un bon divertissement en forme de péplum modernisé, avec ses deux langues (les Romains parlent latin, les « barbares » allemand), son casting plutôt réussi (Jeanne Goursaud continue à faire le taf en Thusnelda sexy et impitoyable), et ses scènes de combat très dynamiques… à condition d’être prêts à avaler des couleuvres, comme lorsque Folkwin (David Schütter, en version germanique de l’ami Brad Pitt), défait à lui seul un bataillon entier de guerriers romains... Et puis, on appréciera les petits clins d’œil à une situation contemporaine, entre une inévitable référence au valeureux combat des Ukrainiens contre les envahisseurs à la supposée supériorité militaire, et l’illusion un temps entretenue par Marbod, l’un des chefs germains, que la soumission à un Empire peut être justifiée par la prospérité économique apportée par les conquérants.

On rira de bon cœur devant les cris outragés de nos habituels réactionnaires qui déplorent la présence à l’écran d’un personnage de couleur et d’une romance homosexuelle, et vomissent leur rage devant ce qu’ils traitent de « wokisme » (sans savoir ce que ce terme signifie, rappelons-le), et, du coup, on passera avec un peu plus de bienveillance sur les nombreux défauts de la série.

Reste que, en considérant la dégradation de la série d’une saison à l’autre, on ne sait plus si l’on doit attendre patiemment une troisième saison (dans deux ans ?) qui menace de nous emmener à Rome, donc qui nécessiterait des investissements plus conséquents de la production... et beaucoup plus de sérieux du point de vue historique.

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