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Le journal de Pok
23 novembre 2022

"Walking Dead - Saison 11 - épisodes 17-24" d'Angela Kang : le naufrage final

Walking Dead S11 P3 affiche

Finalement, si The Walking Dead est aussi peu intéressant dans ces 8 derniers épisodes, qu’on espérait pourtant venir clore avec un peu de panache une série dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle a été très, très moyenne, ou au mieux très irrégulière, en dépit de son long succès populaire et de son impact sur la culture « pop » globale, c’est peut-être tout simplement parce qu’elle manque désormais de protagonistes dignes de ce nom. Sans Rick, sans Michonne, et avec une Carole qui semble avoir oublié tout ce qui se faisait sa singularité, une Maggie qui est devenue de moins en moins humaine au fil des saisons et un Daryl qui ne fait plus rien depuis qu’il a perdu et sa moto et son chien, on s’ennuie au milieu de la dizaine de prétendants au titre de héros qui nous indiffère plus les uns que les autres : Eugene reste l’un des personnages les plus grotesques de la série TV contemporaine, et on ne voit pas très bien ce que des Gabriel, Aaron, Ezechiel, Yumiko ou Rosita peuvent encore apporter à la série. Même Negan, l’homme que nous avons adoré haïr, est devenu aussi tranchant qu’un couteau à beurre maintenant qu’il est un bon père de famille sur la voie de la rédemption.

Il y avait pourtant une vraie bonne idée sur laquelle la série aurait pu investir, celle de l’évolution des morts-vivants, qui apprennent peu à peu à faire de nouvelles choses – grimper, utiliser des outils -, et menacent à nouveau le reste de « l’humanité » dans ses certitudes de supériorité armée. Mais cette « évolution » (qualifiée – opportunisme facile des scénaristes – de « variant », au lieu de constituer un enjeu qui aurait peu nourrir le scénario d’une tension bienvenue – et totalement absente la plupart du temps de The Walking Dead, et ce, depuis des années – est amenée comme un twist dans l’avant-dernier épisode (Family), servant donc plus ou moins à justifier de liquider quelques personnages secondaires sans intérêt d’un casting pléthorique.

L’autre gros problème de cette dernière livraison d’épisodes, c’est que le scénaristes, par manque d’ambition ou par souci de se conformer aux opinions du grand public US, passent à côté de la dénonciation politique d’une société au totalitarisme très contemporain : le Commonwealth, en dépit de toutes ses invraisemblances (est-ce une ville ou plus que ça ? on parle de milliers d’habitants mais on n’en voir que quelque centaines ; on y fait un usage massif d’armes lourdes et de carburants, deux choses qui devraient logiquement ne plus être disponibles après toutes ces années de pandémie…), est un modèle sociétal semblable à celui de l’Occident actuel. On nous décrit un semblant de démocratie (voir le sujet, trop effleuré ici, de l’indépendance de la justice vis-à-vis du pouvoir) qui dissimule un contrôle complet du pouvoir sur les ressources et finalement les individus, que l’on maintient dans l’obéissance servile en manipulant l’instrument de la peur de l’invasion de ceux qui sont dehors et qui veulent rentrer (morts-vivants = migrants). Mais, de ce point de départ, on ne fait surtout rien de significatif, préférant rejeter la responsabilité du désastre sur deux méchants (Lance et Sebastian, tous deux réussis, mais qui disparaissent trop vite, mais surtout Pamela, au manque de charisme et de consistance désastreux pour la crédibilité de l’intrigue, et qui basculera de manière commode dans la folie…). Ce n’est certes pas la première fois que The Walking Dead passe totalement à côté d’un sujet politique intéressant – la démocratie, le leadership politique et l’usage de la violence étaient déjà au cœur de nombres d’épisodes des premières saisons – par pusillanimité ou par incompétence ?

Mais ce qui mettra le plus en rage le téléspectateur exigeant, c’est sans aucun doute le dernier épisode (Rest In Peace), inexplicablement (?) bien reçu aux USA. Débutant bien avec des scènes de violence prenantes, il se perd rapidement en invraisemblances (mais comment donc nos héros échappent-ils à plusieurs reprises à des situations désespérées ?) et en invraisemblances topographiques – soit deux choses que la série avait jusque là plutôt su gérer. Il culmine dans un carnage de morts-vivants ridiculisé par des effets spéciaux pourraves (mais où passe l’argent ?), avant de s’enliser dans d’interminables scènes « d’émotion » stéréotypée et donc à hurler de rire – l’adieu entre Eugene et Rosita montre l’incompétence générale à l’œuvre dans la série – et surtout un (faux) final feelgood ennuyant au possible. Faux final, oui, car on a ensuite droit, de manière hallucinante, aux bandes-annonces de différents spin offs prévus : un spin off pour Rick, un autre pour Michonne, un autre pour Negan, un dernier pour Daryl qui se passera a priori en France (wtf ???).

Après 12 ans de frustration, The Walking Dead s’achève donc dans une sorte pet nauséabond qui nous éloignera définitivement de la tentation de suivre ces fameux spin-offs.

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