"Bom Dia, Verônica" de Raphael Montes : une dénonciation de la violence faite aux femmes...
Ceux qui avaient tenté l’expérience proposée par Bom Dia, Verônica, série brésilienne originale, avaient pu apprécier (ou non) la force d’une histoire qui offrait une vision pessimiste de la société brésilienne où la corruption de la police et du pouvoir en général protégeait les pires crimes, mais surtout un remarquable portrait d’un couple où le pervers narcissique de mari soumettait sa femme aux pires tourments. Le dernier épisode, absurde, laissant entendre qu’une seconde saison – bien inutile – serait mise en chantier. Nous y voilà donc…
… et malheureusement, comme prévu, cette nouvelle histoire d’une policière qui « passe pour morte » et est devenue justicière, pour échapper au pouvoir policier qui risquerait de mettre en danger sa famille, est aussi peu crédible qu’on le craignait. Cette fois, il n’y a pas grand-chose qui fonctionne dans la partie « thriller » d’une saison raccourcie et pleine d’incohérences. Ce qui nous laisse en outre le temps de grimacer devant une interprétation générale assez hasardeuse : d’une saison à l’autre, on est repassé du côté « cheap » de maintes séries télévisées latino-américaines, que l’on a du mal à regarder si on les compare à leurs équivalentes états-uniennes ou européennes.
Et c’est dommage parce que les scénaristes (il n’est pas très clair alors que nous écrivons cette critique si l’écrivain Raphael Montes est toujours réellement le show runner de Bom Dia, Verônica…) ont eu la bonne idée de mettre au centre de cette seconde saison le phénomène, tellement présent au Brésil comme aux USA, des sectes : l’excellent personnage de Matias Cordeiro, guru / guérisseur est non seulement un escroc qui dépouille de leur argent les membres naïfs de son organisation, mais également un pervers qui se livre à nombre d’abus sexuels sur ses « patientes ». L’interprétation glaçante d’un Reynaldo Gianecchini idéalement charismatique et tout autant répugnant permet même à certaines scènes de recréer le vertige que nous ressentions au cours de la première saison. Il est sans doute dommage que les scénaristes aient voulu encore monter d’un cran dans l’horreur, avec une révélation finale suffocante, mais qui risque finalement d’engendrer de l’incrédulité, alors que le personnage de Matias Cordeiro était déjà suffisamment abject comme ça.
On appréciera aussi le fait de montrer dans cette saison des adolescents assumant leur homosexualité, une chose qui n’est pas encore communément admise au Brésil, et qui confirme bien le désir de la série de parler de choses qui fâchent.
Reconnaissons donc de nouveau à Bom Dia, Verônica le courage de mettre le doigt où cela fait mal dans la société brésilienne : ce patriarcat et ce machisme, qui profitent des faiblesses du pouvoir politique et judiciaire, et perpétuent une violence mortelle contre les femmes et les populations LGBT, voilà un sujet fort. Et qui fait qu’il est impossible de rejeter totalement cette seconde saison de la série, malgré ses nombreux défauts.
La troisième saison semble vouloir abandonner São Paulo et se déporter dans le Nord du pays, ce qui devrait lui permettre de parler de certaines zones de non droit qui subsistent dans cette partie du Brésil, échappant toujours à la modernisation du pays et des mœurs. Espérons que Bom Dia, Verônica saura continuer dans cette voie dénonciatrice.