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Le journal de Pok
25 juillet 2022

"Qui a Tué Sara ? - 3ème partie" de José Ignacio Valenzuela : vers une conclusion acceptable…

Qui a tué Sara P3 affiche

Qui a tué Sara ? a présenté à tous ses fans séduits par une première partie aussi efficace qu'excessive, un défi finalement inhabituel : comment rester fidèle à une série dont la seconde partie a été un gigantesque wtf qui a complètement détruit et les personnages et les intrigues initialement mises en place par José Ignacio Valenzuela et ses scénaristes ? Car nous avions aimé rechercher le ou la coupable de l'accident fatal de Sara parmi les membres d'une riche famille mexicaine particulièrement dysfonctionnelle, menée au chaos par un patriarche mafieux aux pratiques détestables, qu’on a tous adoré haïr (grâce à l’impeccable interprétation du grand acteur espagnol, Ginés García Millán, une tête au-dessus du reste de la distribution !). Malgré les invraisemblances incessantes, nous avions suivi avec passion (bon, disons « presque avec passion ») le déroulement de l'enquête et des plans de vengeance d'Alex, le frère de la victime injustement condamné. La seconde bordée d'épisodes, en inventant une improbable condition schizophrénique pour Sara, et en la transformant en infâme manipulatrice, avait pour le coup démonté toute l'empathie que nous avions pu ressentir pour les protagonistes, et se terminait pas une révélation pas du tout convaincante. Dépités, il nous a bien fallu attendre l'arrivée de l'été, saison propice au visionnage de films et de séries peu ambitieuses, pour trouver l’envie de nous lancer dans les 7 épisodes de la dernière partie. Afin de savoir finalement qui avait VRAIMENT tué Sara.

Sans plus attendre, reconnaissons que Qui a tué Sara ? retrouve dans cette troisième partie une certaine crédibilité et se conclut de manière à peu près satisfaisante, à peu près logique, sans non plus nous épargner une bonne dose de mélodrame sans lequel une novela mexicaine ne serait pas une novela mexicaine. Pour ce faire, les scénaristes ont eu l'idée - pas si bête - de superposer sur tout ce que nous savions déjà une nouvelle intrigue, qui vient donc prendre le relais des différents conflits au sein et autour de la famille Lascanos que nous connaissions déjà : c'est clairement osé, voire très gros, mais ça fonctionne, en dépit de notre résistance initiale. Ce twist scénaristique repose sur l'apparition d'un nouveau personnage, Raymond, joué par notre Jean Reno national, qui se débrouille plutôt bien en espagnol. Et dont, au final, on est bien en peine de dire si son interprétation est très mauvaise ou au contraire très bonne, tant il est décalé par rapport à la pétulance exagérée et à l'énergie caricaturale du reste du casting.

Plus intéressant encore est le sujet "politique" traité dans cette saison, celui du refus, dans la société mexicaine, de l'homosexualité, assimilée à une maladie mentale et traitée comme telle via des thérapies à la violence insoutenable. On ne s'attendait pas à ça, et c'est finalement tout à l'honneur de José Ignacio Valenzuela d'avoir conféré in extremis un véritable sens à ce thriller que l’on a toujours considéré comme passablement décérébré.

Sinon, il reste beaucoup de choses critiquables dans cette troisième partie, qui a tendance à nous faire avaler de grosses doses d'invraisemblances en passant en force grâce à une narration accélérée, conjuguant différentes temporalités qui visent à nous faire comprendre une histoire très complexe avec un minimum d'explications. On regrettera le retour du patriarche devenu d'un coup un peu trop sympathique (même si les dernières minutes de la série justifient ce revirement), la partie pénible et peu convaincante du séjour de Chema en prison (même si elle permet finalement d’introduire la question du « traitement » de l’homosexualité), ou encore les facilités scénaristiques relatives au talent de Alex en hacker de haut niveau capable de trouver en quelques clics la réponse à n’importe quelle situation désespérée…

Mais on ne peut nier être soulagés de ce redressement inattendu d'une série qui nous avait tant déçus… et qu’on peut laisser désormais, en toute tranquillité, s’effacer de notre mémoire.

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