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Le journal de Pok
15 juillet 2022

"Elvis" de Baz Luhrmann : le King et le bouffon

Elvis affiche

2h39 de biopic sur le King, c'est bien peu tant il y aurait à dire sur la vie, l'oeuvre, l'importance d'Elvis. 2h39 de film de Baz Luhrmann, c'est beaucoup trop, et quand Elvis se termine, cela fait déjà une bonne demi-heure qu'on en a assez, qu'on prie pour que ça s'arrête vite, épuisé qu'on est par la frénésie incessante d'images, de couleurs et de sons.

Les choses avaient pourtant bien commencé, malgré l'hystérie formelle des vingt premières minutes : c'est que le personnage du jeune Presley, curieusement féminin mais politiquement révolutionnaire puisqu'il joue de la musique "nègre" en étant blanc, qu'il préfère la compagnie de musiciens "colorés" de blues, de jazz et de soul à celle des petits blancs racistes et nazis du Sud, est époustouflant. Et l'interprétation d'Austin Butler, qui, sans ressemblance physique réelle, a totalement saisi la grâce du chanteur, sa présence sexuelle, sa jeunesse flamboyante, nous électrise. Qu'importe finalement si le scénario en fait trop dans le registre de l'animosité des politiciens sudistes contre la jeune star naissante, et la rébellion politique qu'incarne Presley ! Presley, vu par Luhrmann, c'est à la fois l'annonce de David Bowie - la sexualité au delà du genre - et des Sex Pistols - le rock'n'roll comme vecteur d'insurrection -, et, même si c'est grandement exagéré, on achète !

La suite ne sera donc, à partir du départ d'Elvis au service militaire, qu'une longue chute, une déception de plus en plus difficile à gérer. Comme dans la réalité, d'ailleurs. Les manipulations du Colonel Parker, mal gérées par un Tom Hanks grimé, pénible et à côté de la plaque, la rituelle chute de l'idole dans la drogue et les excès, tout cela présente de moins en moins d'intérêt au fur et à mesure que le film avance. On sauvera le chapitre consacré à l'improbable résurrection musicale à Vegas, second moment de Elvis où la musique est au centre de l'histoire. Comme dans la réalité, d'ailleurs.

Au final, Elvis nous a saoûlés, mais on ne regrette pas cette première partie, célébration hystérique de la force du Rock'n'Roll. Elvis était le King, Baz Luhrmann a tout du bouffon du roi. Mais ça, on le savait déjà.

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