"On sourit pour la photo" de François Uzan : les conformistes
Ce qui est triste, ce n'est pas la "petitesse" de "On sourit pour la photo", mais bien le fait qu'il s'agit malgré tout, de l'avis général, de l'une des meilleures comédies françaises populaires du moment : on n'a vraiment pas envie de voir les pires !
Le scénario du film de François Uzan part d'un postulat classique dans la comédie de remariage - un homme que sa femme veut quitter se met en tête de la reconquérir en recréant à l'identique les meilleures vacances de leur vie, 20 ans plus tôt, en Grèce. C'est un très joli concept qui laisse la porte ouverte à pas mal de jeux intéressants sur la répétition et les échecs, ou, de manière moins ambitieuse, à une réflexion douce amère sur le temps qui passe et qui abime tout... Mais que les scénaristes exploitent peu, se contentant d'aligner des scènes de comédie convenues tournant autour de plaisanteries pas très fines : le gendre est un boulet, le fils est un slacker au jugement pour le moins défaillant, le fille coincée va se laisser aller grâce au charme des mâles locaux et à l'aide de l'alcool et de substances illégales., etc. Bref, rien qu'on n'ait déjà vu mille fois avant, et si l'on sourit régulièrement aux facéties des acteurs, il faut bien reconnaître qu'il faut le talent d'un Jacques Gamblin irréprochable pour faire passer la pillule.
Finalement, le principal problème de "On sourit sur la photo", c'est sa conclusion, mensongère et rassurante : on peut toujours changer, même à cinquante ans, se départir de tics et d'obsessions qui nous définissent depuis toujours, pour regagner le coeur de la femme qu'on aime, nous dit le film. Et tout rentre dans l'ordre pour tous, y compris pour le fils qui semble prendre goût à la fin à une vie plus "sérieuse". C'est là un happy end consternant, qui n'est même pas particulièrement feelgood, juste d'un conformisme qui frôle l'insulte.