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Le journal de Pok
28 mai 2022

"Coupez !" de Michel Hazanavicius : la nuit japonaise

Coupez affiche

On sait l'amour sincère que Michel Hazanavicius porte au cinéma, et qui a nourri une grande partie de ses meilleurs films, et on ne ressentira aucun surprise devant ce très beau "Coupez !", qui devait d'ailleurs s'appeler "Z" (comme "Zombies") avant que les armées de Poutine ne confisquent la dernière lettre de l'alphabet latin : "Coupez !" s'avère, à la manière de la "Nuit Américaine" de Truffaut mais, on l'imagine bien, dans un registre différent, l'une des plus belles déclarations d'amour au 7ème Art qu'on ait vu depuis longtemps.

Inspiré d'un film japonais ("Ne Coupez Pas !" de Shin'ichirô Ueda, datant de 2017, que je n'ai pas vu et sur lequel je ne ferai donc aucun commentaire), "Coupez !" est construit très astucieusement en trois parties de durée comparable, dont la dernière est logiquement la plus belle - on passe du rire aux larmes en un instant : on voit d'abord un film plutôt fauché, aux qualités discutables, mais quand même très méta, tournant autour du thème usé d'une malédiction et de zombies attaquant le tournage d'un film sur les zombies (second degré garanti, mais forcément un peu facile). L'intelligence du film est de revenir alors en format flashback sur la genèse du film et les décisions hasardeuses prises en amont du tournage, avant de nous montrer le tournage lui même, hilarant car catastrophique.

On rira en effet beaucoup en découvrant les raisons de nombre de scènes absurdes qu'on a d'abord regérdés sans les comprendre, mais, avec cette astuce d'une sorte de troisième degré, Hazanavicius dépouille "Coupez !" de tout humour surplombant, de toute approche de "petit malin" (ce mélange de fausse complicité et de mépris implicite, qui fait tellement de dégâts...), et injecte une formidable émotion. Jusqu'à une dernière scène magique célébrant et les "petits métiers" souvent oubliés qui font la réussite d'un film, et l'esprit d'équipe nécessaire à mener un projet aussi colossal qu'un film à bon port.

Comme souvent, en tous cas lorsqu'il fait les bons choix, Romain Duris est impeccable en réalisateur pas très doué, passionné par son métier, et ne reculant devant aucun compromis pour faire son film, mais tout le casting, qui marche la plupart du temps à l'énergie, est très convaincant, assez loin en fait des recettes classiques du cinéma comique français.

Une très belle surprise...

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