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Le journal de Pok
4 mai 2022

"The Sinner - Saison 4" de Derek Simmonds : un pécheur chez les pêcheurs...

The Sinner S4 affiche

Tardant encore une fois à être mise en ligne en France, la quatrième saison de The Sinner pourrait bien être la dernière : heureusement, elle signe aussi un retour à la qualité initiale des deux premières saisons après les errements du troisième volet.

Notre très cher Harry Ambrose, encore plus traumatisé qu’avant du fait de son implication dans les jeux dangereux du psychopathe Jamie, vient de prendre une retraite définitive et est parti passer quelques jours de vacances avec sa nouvelle dulcinée dans une île non loin de Portland, une île qui vit avant tout de la pêche et du tourisme. Sans surprise, les ennuis vont vite trouver notre ex-détective, qui va se faire embaucher par la police locale dépassée par la disparition mystérieuse de Percy, la fille de l’une des plus influentes familles locales, les Muldoon : ayant assisté de loin à ce qui ressemblait à son suicide, Harry va vite retrouver les plaisirs de son ex-métier, qui lui redonnent une énergie dont l’oisiveté de la retraite l’avait privé… mais met en péril son couple tout frais.

Construite sur le modèle - désormais incontournable - des séries scandinaves type The Killing ou Bron, cette saison va enchaîner au fil des épisodes une succession de pistes possibles, et nous présenter une suite de coupables potentiels, éliminés les uns après les autres, jusqu’à ce que, dans la dernière partie, une vérité différente de ce qu’on avait soupçonné apparaisse, avec même le petit twist qui fait son bel effet dans la dernière ligne droite. Autant dire que, si la série ne surprend jamais vraiment du fait d’une construction devenue classique, le plaisir de l’amateur d’histoires policières devrait être total, et ce d’autant que l’univers exploré cette fois est très riche : rivalités entre pêcheurs de homards, racisme anti-chinois, rituels primitifs mystérieux, trafics sinistres… La multiplication des sujets s’avère passionnante, après un démarrage que certains pourront trouver un peu lent mais qui a l’avantage de construire une belle psychologie des personnages, de leur conférer un véritable poids émotionnel qui fait que l’on va se soucier de ce qui leur arrive,

Inévitablement, pour justifier le titre de la série, le thème central de la saison est la culpabilité, aussi bien celle d’Ambrose qui s’est encore lestée d’un poids supplémentaire après la mort de Jamie, que celle de plusieurs protagonistes : l’ambiance générale est donc lourde, voire parfois franchement désespérée, ce qui pourra évidemment rebuter les téléspectateurs préférant des divertissements moins tourmentés, moins pleins de pathos. Mais l’interprétation impeccable, voire même régulièrement fascinante, d’un Bill Pullman qui assume ici son âge, en particulier lors des scènes d’action, et qui a peut-être bien trouvé ici, sur le tard, le rôle de sa vie, et de plusieurs acteurs et actrices, au premier rang desquels la magnifique Frances Fisher (souvenez-vous de ses rôles secondaires dans Titanic ou Impitoyable…), fait que l’on passera aisément sur quelques passages à vide ou quelques lourdeurs mal venues (on pense aux scènes pénibles d’initiation d’Ambrose aux rituels païens, qui retrouvent quelques minutes le pire de la troisième saison)…

La conclusion de la saison étant tout sauf claire quant à la future trajectoire d’Ambrose, on peut même espérer qu’une cinquième saison viendra conclure les aventures mentales et policières du pécheur. On aimerait suggérer aux scénaristes de l’équipe de Derek Simonds de considérer la possibilité d’une bonne vieille thérapie pour Harry Ambrose, ce qui serait quand même une approche beaucoup plus sérieuse que le vaudou chamanique pour traiter son mal-être existentiel…

 

 

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