Franz Ferdinand au Zénith de Paris le mercredi 20 avril
Si l’on n’a pas bien suivi les événements au sein de Franz Ferdinand après l’épisode très réussi de leur collaboration avec Sparks, en particulier autour de la parution de leur décevant album Always Ascending (tu parles !), on peut être dérouté par le groupe qui se présente sur scène : on ne reconnaît personne autour d’Alex Kapranos, inchangé, lui ! Ah, si, on reconnaît quand même derrière le crâne rasé et la barbe Bob Hardy, le bassiste historique du groupe (oui, celui qui avait toujours l’air de faire la gueule sur scène…), mais sinon, le passage en format quintet a amené trois nouveaux musiciens… Et, on le constate dès la première chanson, la divine The Dark of the Matinée, changé profondément le son, et la musique du groupe.
Plus riche, plus violent, plus « Rock », le nouveau Franz Ferdinand est un groupe qui a abandonné l’élégante « ligne claire » des premières années pour sonner désormais comme une machine de guerre. Kapranos est en permanence à fond, à faire le show avec l’énergie inépuisable qu’on lui a toujours connue – sur lui, les années ne semblent pas avoir prise : il saute, il court, il prend la pose, il nous admoneste dans son français impeccable, il rit, il sourit. On serait près à parier qu’il chante même mieux qu’avant ! Le nouveau duo formé par Dino et Julian joue de manière particulièrement intense, et il y a même des passages où le fait d’avoir trois guitares brandies par des musiciens qui sont loin d’être manchots a un effet assez étourdissant (et agréablement assourdissant aussi, depuis le premier rang). On sera moins positifs, au moins pendant un moment, sur le drumming d’Audrey, qui semble même peu impliquée pendant les premiers titres, mais tout rentre dans l’ordre petit à petit.
La première partie du set déroule des chansons que tout le monde connaît et aime, avec les occasionnels baisses de tension causées par les morceaux plus récents, mais le public du Zénith, pour ne pas être nombreux, est tout de suite à fond, dansant et sautant comme « à la grande époque ». Alex semble rayonner de plaisir de jouer, et nous offre un duo avec sa compagne Clara Luciani. Pourtant, il nous est difficile d’adhérer pleinement à ce qu’on entend : le retravail des chansons, pour parfaitement légitime qu’il soit dans le cadre d’une nouvelle formation, nous paraît la plupart du temps en brouiller la clarté et l’efficacité. Pour tout dire, en dépit du volume sonore élevé, on s’ennuierait presque un peu.
Heureusement, tout finit par se mettre en place, et c’est une excellente version de Do You Want To qui permet à l’énergie intense déployée par le groupe de trouver le bon niveau. A partir de là, tout ira bien mieux, Franz Ferdinand ne laissant plus retomber la pression… une pression qui culminera dans une version littéralement nucléaire de Take Me Out (qui a beaucoup perdu, du coup, de sa simple joie dansante, mais bon…) débouchant sur une belle interprétation de Ulysses.
Le rappel restera dans le même registre du Rock qui bastonne, avec le final traditionnel sur un This Fire hurlé en chœur par tout le monde, qui a lui aussi abandonné un peu de sa grâce pour gagner encore plus d’énergie.
Bref, on se quitte bons amis avec Franz Ferdinand après cette heure et demie intense, parfois épuisante, mais avec un léger doute à l’esprit : finalement, ce groupe qui joue des morceaux de Franz Ferdinand chantés par le chanteur de Franz Ferdinand, est-ce que c’est vraiment encore Franz Ferdinand ?