"Servant - Saison 3" de Tony Basgallop : les plaisanteries les plus courtes...
Démarrée sur les chapeaux de roue avec un sujet formidable (la psychose d'une jeune maman ayant perdu son bébé contamine non seulement son entourage - mari et frère - mais également la réalité) et avec la signature de Shyamalan – qui n’est cette fois que réalisateur du premier épisode, en ayant confié par ailleurs deux à fille Ishana - pour nous promettre quelque joli twist, la série "Servant" s'est peu à peu enlisée en multipliant les sujets : entre une pincée occasionnelle de fantastique horrifique assez gratuit et la menace beaucoup plus tangible d'une secte de bigots fêlés, on ne savait plus vraiment ce qu'on regardait. La seconde saison, franchement mauvaise, témoignait de la déroute du showrunner et nous amenait à nous demander pourquoi Tony Basgallop ne s'était pas contenté d'une mini-série courte et efficace, au lieu de nourrir son scénario par de nouvelles pistes narratives, plus confuses qu’autre chose.
Il faut admettre que cette troisième saison - et en espérant que la quatrième sera la dernière - est meilleure que la précédente, mais ne change pas fondamentalement le problème de Servant : chaque épisode ou presque est consacré à un personnage ou à un sujet différent, sans qu'on comprenne bien où on va. Au centre, il y a cette fois de manière claire l'affrontement de plus en plus radical entre Dorothy, la mère, et Leanne, la drôle de nounou qui a échappé à l'emprise de la secte, mais reste curieusement garante de l'existence réelle de Jericho. Ce qui nous vaut le meilleur moment de la saison, avec la réapparition pour le coup franchement effrayante de la poupée/ faux bébé.
Si les menaces restent multiples, trop nombreuses en fait (la momie dans le mur, les termites dans les fondations, les promeneurs mystérieux, le retour d’Uncle George, l’étrange communauté de SDFs dans le parc voisin, etc.), au moins Servant s'est recentré sur le sujet pertinent de l’opposition entre deux femmes désirant le même enfant, manifestant toutes deux de sérieux problèmes psychologiques. Une fois de plus, l’excellente Lauren Ambrose constitue le moteur central de la série, avec un vrai talent à figurer de graves dérèglements mentaux… même si on ne peut se retenir d’éprouver aussi de la sympathie pour son frère Julian, avec un Ruper Grint très drôle, même s’il continue, comme dans Harry Potter, avec un jeu excessif, relativement en roue libre. Il faut aussi avouer que ni Toby Kebbel, dans le rôle du mari dépassé qui tente tant bien que mal de maintenir un peu de stabilité dans son foyer, ni surtout Nell Tiger Free, qui échoue à incarner de manière crédible une personnalité aussi complexe que celle de Leanne, n’aident la série à transcender ses problèmes de scénario.
Le dernier épisode, dirigé donc par Ishana Shyamalan, se clôt sur une scène choc qui donne, comme il se doit, envie de connaître la suite. En espérant que ce sera aussi la fin.