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Le journal de Pok
6 avril 2022

"Snowpiercer - Saison 3" de Josh Friedman et Graeme Manson : en route vers le Nouvel Eden...

Snowpiercer S3 affiche

Après une première saison terriblement problématique, il nous avait fallu reconnaître que Graeme Manson et Josh Friedman avaient repris le contrôle de leur Transperceneige, au cours d'une seconde saison qui avait eu l'intelligence de placer en son centre un passionnant personnage de dictateur, remarquablement incarné par un Sean Bean toujours charismatique en personnage haïssable mais également ambigu, finalement aussi séduisant que détestable grâce à son humanité et à ses failles. Soit l'inverse du fade héros qu'est Andre Layton, insuffisamment incarné par un Daveed Diggs manquant de substance, et qui demeure la grande faiblesse de "Snowpiercer".

Comme si les scénaristes n'avaient pas fait le même diagnostic que nous, pourtant évident, ils font cette fois l'erreur de démarrer très fort avec l'affrontement, anticipé à la fin de la seconde saison, entre les pro et les anti-Wilford, et (attention spoiler) la victoire trop précoce des "forces du bien" va vider la majorité des épisodes de la saison d'une grande partie de leur intérêt. L'illusion d'une issue au voyage éternel, d'un « Nouvel Eden », d’une terre promise - politiquement utile, mais une pure et simple bombe à retardement -, la recherche de Melanie, l'affrontement, assez artificiellement justifié entre Layton et Pike, tout ça ressemble au mieux à des prétextes un peu vains pour gagner du temps et remplir une saison 3 qui manque de substance.

C’est particulièrement clair lors du septième épisode, "Ouroboros", qui illustre les rêves de Layton perdu dans un état comateux : cet épisode, probablement le pire de toute la série à date, s’avère à la fois ridicule et décourageant pour le téléspectateur qui se demande vraiment si ça vaut la peine de continuer à s’infliger ce genre de souffrance.

La réponse est oui, grâce à un épisode final ("The Original Sinners") qui est sans doute quant à lui le meilleur à date, tout simplement parce que, alors que l’on s’attend à un nouvel affrontement violent et barbare entre les trois factions qui se disputent, le train, les scénaristes font le choix, tellement étonnant pour une série « populaire » comme "Snowpiercer", de… l’intelligence. En montrant les vertus de la négociation, de l’écoute de l’autre, de la collaboration, et de la recherche de solutions qui soient acceptables pour tous, ils évitent un autre déchaînement de violence gratuite (soit quelque chose de vu et revu), et choisissent le déchaînement des sentiments, des émotions, de l’amour. C’est une première et une grande, même, pour "Snowpiercer", que ces larmes que les plus tendres d’entre nous verseront devant ce bel épisode. En mettant en scène un « accident » ridicule concernant également le personnage le plus haïssable de l’histoire, "Snowpiercer" choisit aussi une fin « morale », ce que d’habitude nous redoutons, mais qui vient parfaitement conclure ce triomphe de l’humanité sur la barbarie : un choix réconfortant en cette époque où, dans notre réalité, la barbarie continue de régner !

Les dernières images, incompréhensibles mais intéressantes, lancent impeccablement une quatrième saison pour 2023, que nous suivrons donc avec un intérêt renouvelé.

 

 

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