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Le journal de Pok
3 avril 2022

Emily Jane White à la Boule Noire (Paris) le samedi 2 avril

2022 04 02 Emily Jane White Boule Noire (19)

20h50 : Après cet excellent début de soirée, place à notre idole du moment, la blonde Emily Jane White. Elle est accompagnée d'un guitariste (qui fera aussi de belles démonstrations à la basse) et d'un batteur qui frappe un peu trop fort sur certains morceaux. Emily entre sur scène alors que les musiciens ont commencé à créer une atmosphère sombre, accentué par un drone menaçant, qui ponctuera d’ailleurs tout le set. La Boule Noire n'est pas pleine, ce qui est évidemment honteux pour une artiste de cette trempe, mais on va dire que chaque spectateur dans la salle compte double, tant la foi qui transpire du public est tangible.

Quelques petits problèmes de son sur Show Me the War, le premier morceau – et ouverture sublime de Alluvion -, avec la magnifique voix d’Emily un peu trop en retrait, sont vite résolus : on est partis pour une heure vingt d’un voyage cathartique, mêlant recueillement intime et splendeur gothique, romantisme suspendu et tension électrique. Bref, on va passer par un peu tous les états pendant ce set ! Emily passe des claviers à la guitare électrique, et va nous interpréter la quasi-totalité de son dernier album, ce qui réjouira ceux qui comme nous apprécie l’envol d’Emily vers une musique plus Rock… mais pourra éventuellement décevoir ceux – et ils sont nombreux, bien entendu – qui préfèrent l’intimisme sensible, plus folk, plus dépouillé de ses débuts. Crepuscule est ainsi un magnifique moment de rock shoegaze, dont le lyrisme rêveur et les effets de guitare ne sont pas loin d’évoquer par exemple un Slowdive… Parmi les titres les plus anciens, plus folk donc, on aura particulièrement vibré sur un Washed Away intense, sublimement romantique mais totalement en phase avec la confusion dans laquelle nous vivons quotidiennement (« The burden of modern life / The heart it beats and it prays / Forever to walk in the night / And never be washed away… ») : difficile de ne pas avoir le cœur serré ou les yeux humides devant tant de beauté.

Le set se terminera par un long rappel de 4 titres, qui prouvera qu’Emily veut nous en offrir encore plus : après un final lyrique et grandiose sur Battle Call (au moins il nous a semblé le reconnaître…), elle insiste pour nous jouer un dernier morceau d'americana pur jus, visiblement non planifié.

Très beau concert, auquel, si l’on veut chercher à tout prix des reproches à faire, il n'a sans doute manqué qu'un zeste d'excès, de folie, de laisser aller : sur plusieurs chansons, on y était presque, et puis la musique s'arrêtait, trop tôt, trop vite. Mais c’est aussi cette retenue, cette pudeur d’Emily Jane White, qui ne manipule pas son public et ne porte pas les émotions au paroxysme, qui fait son prix. Qui fait d’elle une artiste d’exception.

 

 

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