Gruff Rhys au Hasard Ludique (Paris) le mercredi 23 mars
21h15 : Gruff Rhys est accompagné ce soir de trois musiciens, un claviériste discret, un bassiste / contrebassiste essentiel et un batteur assez dément, tant par sa technique et son énergie derrière ses fûts, que par sa capacité à entraîner le public dans des plaisanteries absurdes, comme de faire "Pang" sur la chanson du même nom ou encore de huer Rhuff sur (la fantastique) Negative Vibes. L’honnêteté nous oblige à ajouter que Gruff et son batteur portent tous deux des t-shirts blancs avec des photos de chatons mignons…
Gruff nous a annoncé, pancarte à la main – car il a l’habitude de communiquer avec des pancartes (écrites en anglais ou en français…), comme si on était dans une manif, ce cher Gruff -, « 120 minutes qui changeront notre vie ». « Ou pas ». Il jouera 115 minutes et chacune ou presque sera précieuse. Peut-être pas un concert qui vous change à tout jamais, mais sans nul doute l'un des plus pleinement satisfaisants depuis le début de l'année.
Au centre de la set list, il y a - et Gruff s'en excuse en disant que c'est contractuel et qu'il ne peut l'éviter- l'intégralité de Seeking New Gods, le dernier album, qui sera joué dans l'ordre (on apprendra pour l’occasion à Gruff à dire "face A" et "face B"). Cela aurait pu suffire à notre bonheur, vu les merveilles que sont Can’t Carry On, Loan Your Loneliness ou encore Distant Snowy Peak. Mais nous avons droit en plus à une longue préface (5 chansons) et une encore plus longue postface (9 chansons) qui visitent les albums solos précédents. Avec en bonus un tout nouveau morceau encore sans titre, pas totalement terminé, nous dit Gruff, qui se révèle prometteur.
Pour nous, et quelques autres amis qui chantaient et dansaient avec le même enthousiasme que nous, les sommets du set auront été Take That Call, American Interior, et Sensations In the Dark, mais là encore, c'est totalement relatif et chacun aura pu choisir ses favorites dans une succession ininterrompue de chansons tout simplement brillantes.
On notera que, pour le rappel (sans sortir de scène, puisque Gruff milite, pancarte à la main, pour la « résistance contre les rappels bidons »), le groupe s’est bien lâché sur un Bae Bae Bae tropical et Gyrru Gyrru Gyrru surréaliste, avant la très belle conclusion dépouillée de If We Were Words (We Would Rhyme).
Il ne nous restait plus qu’à nous auto-congratuler d’avoir été là ce soir, pour cette soirée enchanteresse, et de laisser les derniers mots à Olivier Rocabois qui était évidemment là dans la salle : « Une leçon de pop music ».