Metronomy à la Boule Noire (Paris) le mardi 22 février
Il est 21h05, heure du démarrage à la radio de l'émission de Michka Assayas quand Joseph Mount, imposant, chevelu et barbu (plus que d'habitude, nous a-t-il semblé, mais il faudra revoir les images de son dernier passage à Paris, à We Love Green en juin 2019, pour vérifier...) lance Love Factory, l'un des meilleurs titres de Small World…
La Boule Noire est remplie de fans extatiques du groupe, l'ambiance est chaud bouillante - et le restera pendant la courte heure du set. La setlist de 12 titres offre (seulement) 4 extraits du nouvel album, tous joués, comme on s'y attendait, avec une énergie et une puissance qui les transcendent... mais sans qu'ils perdent ce beau sentiment de fragilité qu'on aime chez Metronomy... et qui est largement dû, bien sûr, à la voix froissée et au chant comme hésitant de Mount. Pour le reste, pour notre plus grand plaisir, il s’agit quasiment d’un best of couvrant quasiment tous les albums du groupe. The Bay, en seconde position, est sans doute joué trop tôt pour déployer toute sa sublime beauté, mais le groupe va ensuite rapidement trouver ses marques et atteindre son niveau maximal d'enchantement pop, avec Reservoir, puis avec Everything Goes My Way, délicieusement chanté par Anna Prior derrière ses fûts.
It’s good to be back, le single du nouvel album, nous permet de retrouver l'autre Metronomy, électro, dansant et joueur, qui contrebalance parfaitement le versant fragile du groupe. Ça chaloupe drôlement au premier rang, en suivant le rythme du toujours charismatique Olugbenga Adelekan à la basse.
Mount, que son passage à la radio (sans image !) turlupine visiblement, suggère qu'on rassure les auditeurs en leur garantissant que personne n'était nu ce soir à la Boule Noire. Il passe ensuite au français – et son français est plutôt bon - pour nous annoncer que si nous n'étions pas dans… une « boîte de nuit », eh bien nous serions dans un stade (« comment ça va, là-bas, dans le fond ? ») et ce serait alors le moment de jouer un blues : et le blues, c’est… Salted Caramel Ice Cream, dans une version inédite, portée par deux guitares électriques, formidable.
Passant beaucoup de temps en Espagne, à ce qu’il dit, Joseph s’aventure dans sa version – hasardeuse, vu sa voix – du chant flamenco, avant de lancer The Look, probablement le sommet de la soirée, qui n’a jamais sonné aussi bien que ce soir. Le set se termine sur la blague réjouissante et ultra-dansante de Old Skool, qui permet à toute la Boule Noire de reprendre en chœur ces paroles immortelles : « Ya ya ya ya, ya ya ya ya ». Il est presque 22h, il est temps de rendre l’antenne, et le groupe quitte la scène…
… Pour revenir immédiatement. Joseph, clairement soulagé, annonce que maintenant, on est juste entre nous, il n’y a plus d’auditeurs, et il entame sur un riff de guitare saturé une version rock, ultrapuissante de You Could Easily Have Me. Si l’on est coutumier des finals de concerts intenses de Metronomy, cette montée vers la transe se fait habituellement sur des beats électroniques, et il était particulièrement réjouissant de danser cette fois au milieu du grondement des guitares électriques. Magnifique !
Joseph nous donne rendez-vous au Zénith, et c’est fini. C’était court mais aussi rassurant quant à la grande forme de Metronomy, qui, il faut bien l’avouer, est devenu depuis quelques années un meilleur groupe sur scène qu’en studio.