Hooverphonic au Trabendo (Paris) le jeudi 17 février
21h00 : Bien entendu, la grande affaire de cette réapparition de Hooverphonic, pour soutenir son dernier album, Hidden Stories, sorti l’année dernière, c’est le retour dans le groupe après une dizaine d’années d’absence de la chanteuse « historique » Geike Arnaert. Sinon, le trio Alex Callier – à la basse ce soir - / Raymond Geerts, à la guitare / Geike est soutenu par un trio de choc (claviers, guitare et basse) qui étoffe considérablement le son.
Dès l’intro de A Simple Glitch of the Heart – ouverture du dernier album - tous les regards sont fixés sur la blonde Geike, toujours très belle : son chant est impeccable, magnifique même par instants… Les néophytes remarqueront toutefois très vite que Geike reste plutôt froide, sans réellement interagir avec son public pourtant totalement conquis, comme si elle se contentait d’interpréter, à la perfection, des chansons qui ne la concernent pas vraiment… Et c’est clairement la faiblesse d’Hooverphonic en live, un indéniable manque d’intensité d’un set qui aligne pourtant plus d’une vingtaine de chansons très élégante.
La setlist est un mélange bien équilibré entre les titres du dernier album, avec en point d’orgue les magnifiques Belgium in the Rain et Full Moon Duel, et un best off des plus de vingt ans de carrière du groupe. Les nostalgiques sentiront leur cœur fondre sur l’imparable Jackie Cane, avec sa chronique très triste d’une vie fanée(« She was the queen of the 25th hour / They looked so sweet but the after-taste was sour / Salty days for Jackie Cane / Salty days for Jackie Cane » - Elle était la reine de la 25e heure / Ils avaient l'air si doux mais leur arrière-goût était amer / Jours salés pour Jackie Cane / Jours salés pour Jackie Cane).
Si Geike ne joue pas son rôle de frontwoman, Alex prend vite la parole et se lance régulièrement dans de chaleureuses et souvent hilarantes dissertations sur le succès (ou plutôt son absence) du groupe, sur l’Eurovision (Hooverphonic y a en effet représenté la Belgique en 2021), sur la bière, sur l’amour, bref sur maints sujets qui lui permette de pratiquer son français – ma foi excellent, même s’il promet une bière à tous ceux dans la salle qui corrigent ses erreurs ! Bref, compositeur ambitieux se réclamant de John Barry (comme sur le « jamesbondien » Anger Never Dies) et d’Ennio Morricone (Full Moon Duel), « stand-up comedian » pince sans-rire, Alex impressionne et séduit…
Si le set manque quand même à notre goût de moments vraiment forts, et si la succession de tempos moyens crée une impression d’uniformité des titres, l’enchaînement d’une version soul de No More Sweet Music et d’un Lift Me Up joliment funky relance l’intérêt. Et c’est enfin le titre que tout le monde attend, ce Mad About You, qui d’après Alex traduit une version très pessimiste, voire affreuse de l’amour : « Give me all your true hate and I'll translate it in your bed / Into never seen passion / That is why I am so mad about you » (Donne-moi toute ta vraie haine et je la traduirai dans ton lit / en une passion jamais vue / C'est pourquoi je suis si fou de toi).
Le premier rappel culminera sur un superbe Amalfi, avant que l’ample final romantique de Hidden Stories permette au groupe de disparaître progressivement, laissant Geike seule avec le public pour un long singalong, couronnant dans une communion rituelle les retrouvailles de Hooverphonic avec ses fans parisiens.
Si l’époque de la célébrité quasi planétaire de Hooverphonic est peut-être passée, le groupe reste solidement implanté sur un répertoire majeur, et a encore du souffle. Un peu plus de laisser-aller, de folie, d’énergie aussi lui permettrait d’être aussi convaincant sur scène qu’il l’est sur disque.