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Le journal de Pok
26 janvier 2022

"Vigil" de Tom Edge : une belle occasion manquée

Vigiel Affiche

Un chalutier écossais est emporté par le fond, mystérieusement entraîné par ses filets. A bord d’un sous-marin nucléaire, élément clé de la force de dissuasion britannique, qui croise à proximité, un conflit éclate entre le commandant et l’un de ses hommes quant à la possibilité d’aller porter secours aux pêcheurs en détresse : un peu plus tard, le « rebelle » est retrouvé mort sur sa couchette. Une enquête de police est diligentée, et le commandant Amy Silva se trouve embarquée dans le sous-marin pour résoudre une énigme qui va, on s’en doute assez rapidement, proliférer et devenir une sombre affaire de géopolitique globale.

Avec un point de départ fascinant, qui évoque la réussite récente du "Chant du Loup", et un scénario qui braconne sur les terres fertiles des romans d’espionnage, sans parler d’une intéressante caractérisation des deux enquêteuses – l’une sur terre (la formidable Rose Leslie, déjà admirée dans "Game of Thrones"), l’autre sous l’eau (Suranne Jones, qui peine un peu à nous convaincre avec un personnage dont on hésite à apprécier la résilience ou à critiquer la rigidité) – en couple lesbien pas vraiment « out of the closet », "Vigil" fait naître des attentes considérables : les deux premiers épisodes sont remarquables, peut-être ce qu’on a vu de mieux ces derniers mois en matière de thriller TV. La complexité d’une enquête qui doit être conduite en dépit des règles et des protocoles très stricts à bord d’un sous-marin nucléaire en mission « secrète » s’avère passionnante, tant du point de vue psychologique que théorique.

Et puis, patatras, à partir du troisième épisodes, "Vigil" part en capilotade et perd peu à peu sa belle crédibilité : en multipliant les protagonistes (les Américains, les Russes, les Indonésiens, les politiques écossais, les activistes anti-nucléaires, le MI5, la Navy Britannique, le services de Police), en complexifiant assez inutilement une situation pourtant a priori passionnante, le scénario accumule les cohérences, ou tout au moins les situations manquant de crédibilité, amenant un désengagement progressif du téléspectateur. "Vigil" restera toutefois un bon divertissement jusqu’au bout de ses 6 épisodes, avec plusieurs scènes ultra-classiques du genre « films de sous-marin » : le navire qui s’enfonce inéluctablement vers les grands fonds, l’atmosphère de plus en plus irrespirable – ici contaminée ! -, la traque d’un traître dans un espace confiné où les tensions entre les membres de l’équipage sont exacerbées, etc. Il serait malhonnête de prétendre ne pas y avoir pris de plaisir, mais on est quand même bien en deçà du potentiel entrevu au début de la série.

De plus, on peut également déplorer le gloubi-boulga idéologique qui reflète bien sagement la « ligne du parti Tory de la Grande-Bretagne brexiteuse » : nous, Britanniques, sommes un acteur majeur au niveau mondial, dont la force de frappe nucléaire justifie une opération de grande envergure de la part de l’ennemi russe ; nous devons être capables de faire face nous-mêmes aux défis géopolitiques actuels car nous ne pouvons pas compter sur nos alliés (même les Américains sont des traîtres) ; les parlementaires écossais (donc sécessionistes) sont des lâches et des crapules ; les écolos et autres activistes anti-nucléaires font le jeu de l’ennemi, etc. Nul doute que la bande à BoJo adore le genre d’histoires que "*Vigil *" colporte sous couvert d’un simple thriller de divertissement !

 

 

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