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Le journal de Pok
22 janvier 2022

"Rolling Stones" d’Alain Gouvrion : un incontournable !

Rolling-Stones Couverture

S’il y a un groupe dont on attendait avec impatience la publication de la discographie dans la superbe collection « Cover » des Editions du Layeur, consacrée aux albums de Rock, c’est bien évidemment les Rolling Stones : il s’agit après tout – suivant les opinions des uns et des autres, qui s’écharpent toujours sur le sujet un demi-siècle plus tard – du plus grand ou du second plus grand groupe de l’histoire de notre musique !

Mais on parle surtout, à la différence des Beatles dont la saga en tant que groupe s’étire sur moins d’une décennie, d’une épopée pleine de bruit et de fureur, de grandeur et de ridicule, qui a désormais soixante ans : oui, soixante ans ont passé entre la première discussion musicale entre Mick et Keith sur le quai de la gare de Dartford le 17 octobre 1961 (presque aussi légendaire que la rencontre de Robert Johnson avec le Malin, ou en tout cas tout aussi déterminante pour l’avenir de la musique !) et la mort de Charlie Watts le 24 août 1961 (qui logiquement marque la fin des Stones, même si quelques concerts d’un groupe se produisant sous ce nom-là auront sans doute encore lieu).

Pendant ces soixante ans, le groupe a brillé dans la pop anglaise à l’égal des Beatles et des Kinks, leurs deux seuls vrais rivaux au niveau mélodique, puis est devenu l’espace de quatre albums immenses THE GREATEST ROCK’N’ROLL BAND IN THE WORLD, avant de se transformer en un cirque fabuleux amusant la jetset internationale, puis de se convertir progressivement, pour reprendre la célèbre expression d’un critique, le « cover band » le plus cher sur la planète.

Et les Stones ont produit une belle quantité de bons albums et de chefs d’œuvres et – malheureusement – encore plus de disques seulement acceptables, voire assez déplorables : si l’on ajoute les nombreux enregistrements live qui sont peu à peu publiés officiellement, il s’agit d’une véritable jungle dans laquelle un néophyte peinera logiquement à se retrouver. Et c’est là que le travail remarquable d’Alain Gouvrion a tout de « la bonne action » : imaginez seulement un jeune de 2022 qui se mettrait en tête de découvrir la musique de ces papys dont son père (et son grand père) lui rebattent les oreilles, et qui programmerait sur Spotify l’écoute de "Black and Blue" ou de "Dirty Work" ! Il serait à jamais perdu pour le Rock’n’Roll, et il est clair que nous ne pouvons pas tolérer ça !

Nous avions déploré ici il y a quelque temps la faiblesse du texte du "Leonard Cohen" dans la même collection, mais avec Gouvrion – ex-rédacteur en chef de Rolling Stone et passionné de « classic Rock » -, aucune crainte à avoir : de sa remarquable, et très élégamment humble, introduction, qui nous a mis les larmes aux yeux, jusqu’à chaque détail de la description de chaque album, replacé avec pertinence dans le flux de l’histoire du groupe (de toute manière, pour ceux qui veulent connaître tous les détails de cette histoire, comme le souligne Gouvrion, il suffit de lire le génial "Life" de Keith Richards !), tout est parfait. Avec le juste de niveau de précision qui satisfera ceux qui connaissent déjà bien le groupe et qui n’assommera pas les néophytes. Dans "Rolling Stones", on parle aussi –et très bien – de la musique et de la technique instrumentale qui la produit, des chansons, et du processus de création qui les fait naître : de cette magie qui nous a donné certains des plus beaux disques jamais produits au XXème siècle. C’est passionnant, émouvant, et c’est aussi, et c’est quand même le but, instructif. Et la meilleure manière de lire chacune de ces chroniques, c’est évidemment de poser l’album correspondant sur sa platine et de comparer son ressenti aux commentaires – quasiment toujours très pertinents – de Gouvrion.

Aimant chercher la petite bête, nous aurions aimé voir un petit plus d’attention encore portée à certains des textes emblématiques de Jagger / Richards, car il y a là de très belles choses. Et nous challengerions évidemment la vision assez méprisante vis-à-vis du punk rock qui transparaît, quand Gouvrion couvre cette période difficile où les Stones, pas encore muséifiés mais déjà noyés dans l’argent et la jet set, furent challengés par l’énergie et la conviction de nouveaux groupes qui les remplacèrent dans le cœur des rockeurs.

Mais sinon, nous sommes heureux de voir que l’ex-plus grand groupe du monde est célébré par les Editions du Layeur avec ce qui est peut-être le meilleur ouvrage de la collection !

 

 

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